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Manuel Valls confronté au retour de "Papy Voise"

La violence revient à la une de l'actualité. Manuel Valls s'est rendu à Nice hier après l'affaire du braquage de la bijouterie. C'est le retour de Papy Voise, ce vieil homme agressé à Orléans en 2002, juste avant le premier tour de la présidentielle.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franceinfo (Franceinfo)

Son fantôme semble planer aujourd'hui sur le débat
sécuritaire qui grandit avant les municipales. L'agression de Papy Voise a sans doute pesé dans la disqualification de Lionel
Jospin au profit de Jean-Marie le Pen. Une décennie plus tard, l'insécurité
reste une préoccupation majeure, même si les instituts de sondages l'ont
reléguée loin derrière le chômage, le pouvoir d'achat ou les retraites. Depuis
la tragédie niçoise, les affaires de violences font la une des médias, encore
ce matin.

Et une question divise la nation depuis une semaine: le
bijoutier qui a tué le malfaiteur qui venait de l'agresser était-il en état de
légitime défense ? "Ce sera à la justice de faire toute la lumière sur ce
qui s'est exactement passé
", a rappelé hier sobrement le ministre de
l'intérieur, qui a dit dans un même temps "comprendre l'émotion des
commerçants, l'inquiétude et la colère des concitoyens
". Les points de
vue de ce débat binaire, entre défenseurs du droit le plus strict et partisans
de l'autodéfense, semblent irréconciliables.

A quoi a servi le
déplacement de Manuel Valls sur place ?

Franchement à rien en termes d'annonces, si ce n'est de
promettre pour la énième fois des efforts policiers, ou des moyens accrus en
matière de vidéosurveillance. Le message est forcément inaudible. "Il n'y
a pas de recette miracle
", concède Manuel Valls. Le sens de sa visite
était ailleurs : "Je pense que ça apaise, il ne faut pas laisser le
terrain à la démagogie, à la crainte et à la peur
", confiait hier soir le
ministre de l'intérieur de retour à Paris. Manuel Valls considère que s'il ne
maitrise pas un tant soit peu cette affaire, elle provoquera des dégâts
considérables, en faisant augmenter le sentiment d'insécurité dans le pays,
aggravé par l'explosion depuis plusieurs années des agressions et des
cambriolages. Et elle fera le jeu du Front national.

Le gouvernement
est-il désarmé face à l'insécurité ?

Pas plus que le précédent. La délinquance se déplace, et les
statistiques sont sujettes à interprétation. Ce débat purement politicien est
sans fin. Le ministre de l'intérieur s'est rendu en Corse et à Marseille, pour "faire
de la com
", ont regretté les acteurs locaux, lors de vaines tables rondes
destinées à calmer une opinion ulcérée par les règlements de comptes à
répétition. Mais les choses ont-elles vraiment changé : la tuerie du bar
du téléphone à Marseille, faut-il le rappeler, avait fait dix morts en 1978 - il
y a 35 ans - et provoqué alors une vague d'émotion nationale.

Le débat sécuritaire inquiète
le gouvernement à l'approche des élections ?

Incontestablement, oui. Il est même un sujet de division. En
témoigne le bras-de-fer de l'été, quand Manuel Valls a critiqué la réforme
pénale de Christiane Taubira, la garde des sceaux opposée au tout-carcéral. Le
ministre de l'intérieur juge dangereux de faire voter ce texte avant les
municipales. Sa popularité dérange également un couple exécutif
Hollande-Ayrault en berne dans les sondages. Toute la difficulté pour Manuel
Valls est de durer dans un ministère exposé, où il faut apporter des réponses
immédiates à un problème majeur, l'insécurité, qui ne
peut se gérer que sur le long terme.

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