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Les questions de société : choix politiques ou diversions ?

Le gouvernement connaît une semaine particulièrement chargée. Il a d'abord lancé un poids lourd dans le domaine économique, son pacte de compétitivité, avant de présenter son projet de loi sur le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels. Hasard de calendrier ou stratégie politique pour faire diversion ?
Article rédigé par franceinfo
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"Faute de pouvoir résorber le chômage, on changerait le mariage, la famille et quoi encore demain ? " : question posée dans le Figaro par le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon.
Egalement opposé au mariage et à l'adoption par les couples homosexuels, comme la plupart de ses collègues de l'UMP le député de la Drôme Hervé Mariton, voit une tentation dangereuse dans cette volonté du gouvernement d'agir dans des domaines sociétaux en pleine crise économique. Et il demande de la modestie : "La modestie, c'est parce que l'économie nous échappe, éviter d'avoir une espèce de fascination totalitaire, de modeler la société à l'aune de ce que la loi pourrait décider. Il y a un grand risque à ce qu'un gouvernement qui avale son chapeau dans le domaine économique ait envie de se montrer volontaire, martial sur les questions de société ".

Le Premier ministre Jean-marc Ayrault le sait, les enquêtes d'opinion montrent que les Français ont l'impression que quand on traite les problèmes sociétaux, c'est pour masquer les problèmes économiques et sociaux. Le jeune député socialiste de Seine-saint-Denis... Mathieu Hanotin, plutôt classé à la gauche du PS, estime, lui, qu'un gouvernement doit savoir faire les deux et il espère que ça ne va pas s'arrêter au mariage pour tous : "Nous allons faire cette loi sur le mariage pour tous et moi je défend le fait qu'on fasse le plus rapidement possible le reste de nos engagements, notamment le droit de vote des étrangers aux élections locales. La gauche doit tenir sur ses deux jambes à la fois sur les questions économiques et sociales et sur les questions qu'on appelle sociétales. On ne peut pas opposer les deux choses, il faut savoir faire les deux en même temps ".

Son collègue Olivier Faure, proche de Jean-Marc Ayrault, réfute l'idée que le gouvernement cherche à masquer ses difficultés économiques en agitant des questions de société. Pour lui, c'est même au contraire l'opposition qui joue à ce jeu : "C'est la droite qui fait aujourd'hui diversion sur ces sujets. Elle voit bien que sur le terrain européen, sur le terrain de la dette, sur celui de la compétitivité, le gouvernement est à l'oeuvre. Et donc, elle même perdue dans son propre jeu de surenchère dans un congrès compliqué entre François Fillon et Jean-François Copé, elle cherche à attirer l'attention sur des sujets qu'elle juge plus facile pour elle ".

Jean-Marc Ayrault répète qu'il ne souhaite pas que le mariage pour tous apparaisse comme un dérivatif, mais le calendrier reste ambigu et sujet à interprétation. D'un autre côté, l'existence d'un projet de loi, donc du concret, fragilise l'accusation de diversion politique dans ce cas précis.
Diversion ou pas en tout cas, le député UMP Jean Léonetti estime que ce sujet est traité trop rapidement : "Je sais que ce sujet est complexe. Il met en cause notre avenir commun, des repères dans la société : faites un débat public ! Est-ce que la gauche pourrait s'affranchir d'un débat démocratique ? "

Mais le débat démocratique n'est-il pas lui-même parfois une diversion ? La question a déjà été posée. Notamment lors du débat sur l'identité nationale, lancé en grande pompe, par le précédent gouvernement et qui n'avait débouché, lui, sur aucun projet de loi.

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