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Le PS remanié, Désir exfiltré

Le volet le plus difficile du remaniement aura été celui... du Parti socialiste. La journée d'hier, entre la nomination de 14 secrétaires d'Etat et le remplacement d'Harlem Désir, a été marquée par le retour des "strausskahniens".
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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Opération exfiltration.   "On a lui fait une
proposition qu'il ne pouvait pas refuser
", a dit mercredi soir un responsable
de la majorité, citant le Parrain, à propos de l'exfiltration d'Harlem Désir.
Sa nomination au poste de secrétaire d'Etat aux Affaires européennes fait
jaser.

Même si le premier secrétaire
du PS a reconnu avoir pris toute sa part dans la défaite aux municipales, le
message reste troublant : le voilà récompensé pour avoir échoué à la tête
du parti. Jean-Marc Ayrault sèchement remercié, sans aucune contrepartie, si ce
n'est de retrouver son siège de député, doit l'avoir plutôt mauvaise.

Harlem Désir, à sa décharge, député
européen depuis quinze ans, est quand même plus légitime pour le job que son prédécesseur
Thierry Repentin, spécialiste du logement. Mais il n'aura pas la tâche
facile, entre Laurent Fabius, son tout puissant ministre de tutelle, et le
tout nouveau secrétaire général des Affaires européennes que François Hollande vient
de nommer à l'Elysée. Philippe Léglise-Costa a dirigé le cabinet de Jean-Pierre
Jouyet, quand il a été secrétaire d'Etat aux Affaires européennes de Nicolas
Sarkozy, Jouyet qui est devenu depuis mercredi secrétaire général du Château, en
lieu et place de Pierre-René Lemas. Autant dire qu'Harlem Désir n'aura aucun
espace. Mais qu'importe, mission accomplie, il a été sorti par le haut.

Son successeur n'est pas encore nommé à la tête du PS

C'est quasiment chose faite
pour Jean-Christophe Cambadélis, qui avait échoué la dernière fois face à désir,
même s'il va devoir attendre le vote mardi prochain du Conseil National. Son
arrivée au poste de premier secrétaire marque un tournant : Camba, c'est son
surnom, veut un " parti de combat " qui serait le pendant du
" gouvernement de combat " de Manuel Valls.

Le député de Paris a
exposé hier devant le Bureau national son discours des 3 R :
renouvellement, rénovation, rassemblement. Il lui faut vaincre les réticences
de l'aile gauche du parti, opposé non pas à sa nomination mais à la méthode.
"On ne va pas nous faire le coup d'état permanent ", a prévenu la
sénatrice Marie-Noëlle Lienemann à son arrivée à Solferino. Mais la plupart des
leaders du parti ont fini par se ranger. Ce sera la consécration dans cinq
jours pour Jean-Christophe Cambadélis, qui a ramé depuis 25 ans pour devenir premier secrétaire, son rêve.

Il faut y voir un signe ?

Celui du retour des
strauss-kahniens ! Les deux plus fidèles proches de DSK se retrouvent
aujourd'hui à deux postes clefs : à Camba le parti, et à Jean-Marie le
Guen le secrétariat d'Etat aux Relations avec le Parlement. Un ministère stratégique :
c'est lui qui aura la lourde charge de négocier avec les députés et les
sénateurs de la majorité, quand il va s'agir de voter des textes sensibles.
Cette double promotion n'a pas dû échapper à Dominique Strauss-Kahn, qui a
gardé le lien avec ses deux amis. C'est un peu la vengeance du serpent à
plumes.

Au final, François Hollande après
la claque des municipales n'a pas offert Matignon à Martine Aubry, mais à son
ministre le plus à droite, Manuel Valls, et le parti sera dirigé par un
héritier de DSK. La leçon de l'histoire est que, n'en déplaise à l'aile gauche
du PS, le virage social-démocrate est aujourd'hui inéluctable.

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