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Le Pacs Bayrou-Borloo sur les rails

L'UDI de Jean-Louis Borloo fait sa rentrée ce week-end avec ses universités d'été à Poitiers. Avec ou sans François Bayrou ?
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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Les deux ! Le patron du
Modem ne fera pas le déplacement chez ses anciens amis centristes. François
Bayrou estime que c'est prématuré. Il veut d'abord s'expliquer avec ses propres
troupes pour leur faire avaler la pilule de sa énième volte-face. Mais il ne
sera question que de lui, demain et dimanche au Futuroscope, dans les rangs de
l'Union des démocrates et indépendants, et du pacte qu'il est en train de
sceller avec son ex-ennemi intime Jean-Louis Borloo, qui laisse la famille
centriste perplexe, le mot est faible.

Ces retrouvailles entre les deux familles centristes rivales,
c'est du sérieux ?

Le Pacs est quasiment plié. Il
intrigue toute la classe politique, qui n'y croit pas beaucoup. L'ancien
Premier ministre Dominique de Villepin parle tout de même de l'événement le
plus intéressant de cette rentrée politique. Concrètement, les deux B – on va
désormais les appeler comme ça – ont multiplié les déjeuners et remisé les
vieilles rancœurs au placard.

Le premier B, Borloo, a pris
conscience qu'il disposait d'une belle machine. Mais l'UDI, 50.000 adhérents,
une soixantaine de parlementaires, est aussi atomisée que l'ex-UDF, et reste
une supplétive de l'UMP. Le deuxième B, Bayrou, à force d'aller un coup à
droite, un coup à gauche, s'est retrouvé tout seul, ou presque, il en convient
lui-même. Mais il reste un très bon client pour les médias. Son opposition à
des frappes militaires en Syrie a fait un carton. Si les deux B vont au bout de
leur démarche, les instituts de sondages vont devoir créer une nouvelle case en
additionnant le maigre MoDem à l'UDI, qui du coup ne sera plus associée à une UMP qui risque du coup d'être revue à la baisse.

La réunification s'annonce compliquée...

Bayrou doit expliquer à ses
troupes que son flirt avec Ségolène Royal, puis François Hollande, n'est plus
d'actualité. Les élus MoDem qui travaillent main dans la main avec les
socialistes à Lille ou à Dijon sont priés de repasser à l'ennemi.

Borloo, qui
se réclame de droite, doit expliquer à tous ses copains de l'UDI que leur
ancien patron, qu'il ne supportait plus depuis si longtemps, est redevenu fréquentable.
Et tant pis pour le grand écart idéologique. "La réunification doit se
réaliser dans six semaines, pas plus, il faut accélérer
", estime François
Bayrou, qui voit son horizon politique se dégager enfin. La photo des 2B bras
dessus bras dessous, si elle a lieu, va
faire un tabac.

François Bayrou pourrait se présenter à la
présidentielle sous les couleurs d'un centre réunifié ?

Nous n'en sommes pas encore
là. Le patron du MoDem doit choisir dans un premier temps s'il va batailler
pour la mairie de Pau ou la reconquête de son fauteuil de député. Il veut aussi
sauver la peau de ses derniers fidèles, comme Marielle de Sarnez dont le
fauteuil d'eurodéputée est menacé. Pour le reste, tout est ouvert, avec
pourquoi pas une primaire centriste pour 2017.

Reste cette question
éternelle : mais à quoi sert ce centre, qui n'est " ni de gauche, ni
de gauche ", comme l'a dit François Mitterrand ? François Bayrou fait
le pari que les déçus du PS et de l'UMP, qui ne veulent pas voter Le Pen ou
Mélenchon, se tourneront vers lui. Une sorte de candidat de l'extrême-centre, mais le
concept existe déjà. "Attention à ce qu'il ne devienne pas le Laguiller
de l'UDF
", ironise un leader de l'UDI. Les 2B vont devoir faire œuvre de
pédagogie pour nous convaincre que leur projet est plus génial que foutraque...

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