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Le couple franco-allemand rééquilibré par la guerre au Mali ?

La guerre au Mali va-t-elle donner une voix plus forte à la France en Europe ? François Hollande se prépare à en faire l'expérience. Il doit s'exprimer aujourd'hui pour la première fois devant le Parlement européen de Strasbourg et jeudi s'ouvre un sommet européen crucial consacré au budget de l'Union. Le président français espère y parler d'égal à égal avec l'Allemagne.
Article rédigé par franceinfo
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François Hollande s'est bien gardé jusqu'ici de dire en personne que la France se sent bien seule au Mali alors que l'opération bénéficierait à toute l'Europe. Il laisse les seconds rôles entonner ce refrain. Et plaider dans les médias que du coup, le président de la République peut tenir la dragée haute à la chancelière allemande dans le difficile débat budgétaire, dont le premier acte s'ouvre aujourd'hui devant le parlement de Strasbourg. Pour Hans Stark, chercheur en sciences-politiques, le président français a tout de même vraiment marqué des points, sur le plan psychologique du moins : "Il y a un nouvel équilibre qui s'instaure avec une France qui a fait ce qu'il fallait faire pour stopper des terroristes aux portes de l'Europe. L'Allemagne, une nouvelle fois, s'est présentée comme une puissance malgré elle, c'est-à-dire une puissance économpique, qui ne s'assume pas sur le plan politique. De ce point de vue, l'équilibre a été restauré ".

Les images de liesse à Tombouctou ce week-end ont sans doute marqué les esprits. Mais pour l'eurodéputé UMP Jean-Paul Gauzès, cet avantage reste fragile : "L'engagement a été très bien reçu au Mali, mais la question est : comment la situation évolue-t-elle ? Si on a des victoires un peu importantes sur les terroristes dans la nouvelle phase, qui va être difficile, cela peut être une bonne chose. Si on a des difficultés ou des déboires, c'en sera une mauvaise ".

Débat budgétaire tendu

Le débat budgétaire européen qui s'annonce sera compliqué. En novembre, les Etats européens ne sont pas parvenus à se mettre d'accord. La France, l'Espagne ou l'Italie demandent qu'il soit orienté sur la croissance et la solidarité. L'Allemagne, l'Europe du Nord et la Grande-Bretagne veulent des coupes sombres dans les dépenses. Et depuis, Londres a menacé de mettre les voiles avec la promesse d'un référendum. Dans ce contexte, l'eurodéputé Modem Jean-Luc Bennahmias doute que la nouvelle stature présidentielle acquise par François Hollande au plan intérieur subjugue les européens : "L'enjeu réel aujourd'hui, c'est l'enjeu budgétaire. Je ne crois pas qu'Angela Merkel changera quoique ce soit à ses prérogatives, c'est-à-dire limiter le plus possible les dettes publiques et donc parler d'austérité. Clairement, c'est encore l'Allemagne qui a la main ".

Qui garde la main dans le couple franco-allemand ? C'est une question qui lasse quelque peu. Car du côté des petits Etats, c'est l'équilibre global de l'Union européenne qu'on aimerait parfois voir changer. Pour Isabelle Durant, vice-présidente belge du parlement européen, "c'est important d'équilibrer les différents gros poids européens, plus la somme des plus petits poids, plutôt que d'avoir quelque chose qui n'est plus un moteur franco-allemand, mais plutôt une espèce de directoire. Et c'était la dérive que portait M. Sarkozy avec Mme Merkel qui devenait lourde à porter pour tout le monde. Il n'y a pas de raison. Le moteur, c'est quelque-chose de fort, c'est un catalyseur. Cela ne peut pas être ceux qui décident et qui imposent la décision aux autres ".

Lundi, François Hollande a reçu un soutien de poids en la personne du vice-président américain Joe Biden qui dit partager son point de vue sur la stimulation de la croissance. Mais Angela Merkel ne s'est jamais jusqu'ici montré très perméable aux pressions.

 

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