La Résistance, du Panthéon à la place de l'Indépendance
Un
étrange croisement de l'Histoire fait que la cérémonie d'hommage à la
résistance que le chef de l'Etat va présider tout à l'heure au Mont Valérien se
déroule au moment où l'Ukraine compte ses morts et se demande si elle ne va pas
basculer dans la guerre civile, en dépit des tentatives de négociation de la
troïka européenne. Le président de la République François Hollande va confirmer
son choix, qui s'est porté sur quatre grands noms, qui se sont distingués par
leur courage et le don qu'ils ont fait à France, à un moment où la République a
oublié son honneur et basculé dans la Collaboration.
L'Elysée a rappelé hier
soir que " l'idée était d'honorer des femmes et des hommes dont
l'engagement a été incontestable, des Gaullistes, des patriotes. De tous les
bords politiques, du temps où le Général de Gaulle avait aussi le cœur à
gauche. En résumé, la Nation rassemblée ", a expliqué Pierre-René Lemas,
le secrétaire général de l'Elysée. Le choix s'est porté sur l'ethnologue Germaine
Tillion, déportée à Ravensbrück après avoir participé à la fondation du Réseau
du musée de l'Homme, constitué en 1940 en opposition au Maréchal Pétain.
Geneviève De Gaulle-Anthonioz, elle aussi résistante, déportée et militante des droits
de l'homme, qui par la suite a dirigé ATD Quart Monde. Elle appartenait au même
réseau que Germaine Tillion, tout comme Pierre Brossolette, compagnon du
Général, qui s'est suicidé à 40 ans pour ne pas livrer de nom à la Gestapo
après deux jours et demi de torture. A ces trois héros de la Résistance vient
s'ajouter Jean Zay, ministre de l'Education nationale du Front Populaire,
assassiné par la Milice. Quatre figures qui honorent la vraie France, celle qui
a su dire " non ".
François Hollande met
tout le monde d'accord avec ce choix ?
C'est
un peu la synthèse qui fait son entrée au Panthéon. Et ce choix " coche
toutes les cases ", comme le fait remarquer une spécialiste du dossier. A
savoir la nécessité de choisir des femmes, il n'y en avait que deux sous la Coupole.
Un comité de soutien, allant de Lionel Jospin à François Fillon, militait pour
l'entrée de Pierre Brossolette - nous
l'avions évoqué dans un édito en octobre dernier – et avait proposé un
ticket avec Geneviève De Gaulle-Anthonioz, pour respecter la mémoire et la
parité. François Hollande est allé au-delà de leurs attentes. La charge
mémorielle que représente l'évocation de ces quatre personnalités est d'autant
plus forte que notre pays traverse une période de doute, en mal de symboles et
de repères historiques, quand certains bafouent justement cette mémoire
collective, quand d'autres estiment au final que tout se vaut , oubliant ce que fut le sacrifice d'un si grand nombre
de combattants de l'Armée des ombres, sans lesquels la France ne serait plus la
République.
La cérémonie de ce matin
va prendre un tour particulier.
Parce
que nous célébrons le centenaire de la guerre de 14, mais pas seulement, celui
aussi de toutes les guerres. Le chef de l'Etat devrait prononcer ce matin un
discours sur la fraternité et le sacrifice. Les ennemis d'hier, de Paris à
Berlin, sont aujourd'hui liés par une amitié appelée à durer au sein d'une
Europe apaisée. Et pourtant, les évènements de Kiev qui se déroulent sous nos
yeux, pour des motifs hérités du partage du monde après 1945, celui de la
guerre froide, doivent nous rappeler que l'Histoire est un éternel
recommencement, et que sans la mémoire, sans le rappel aux sacrifices, tout
peut s'embraser en un instant. Et tout peut recommencer.
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