La droite à l'assaut du Sénat en 2014
Mais oui. Ce sera l'autre
guerre de 14. Depuis de longues semaines, tous
les regards sont tournés vers les municipales et les européennes, avec le
scénario d'une montée en force du Front national. Nous ne parlons que de ça.
Mais tout le monde oublie qu'en septembre, le Sénat renouvellera un tiers de
ses élus. Tout le monde ou presque : l'Elysée s'inquiète de perdre la
majorité dans la Haute Assemblée.
L'UMP, elle, a fait ses
comptes : si elle reconquiert en mars prochain plus du tiers des communes
perdues lors des dernières municipales, l'apport en nombre de grands électeurs
lui permettrait de trouver le delta de 17 sénateurs de l'UMP et de l'Union du
centre pour redevenir majoritaire.
Le
calcul est un peu compliqué, pour ne pas dire indigeste à cette heure matinale,
mais Gérard Larcher, l'ancien président du Sénat, grand amateur de chasse,
estime que l'objectif est désormais à portée de fusil, si l'UMP se débrouille
bien aux municipales.
Jean-Pierre Bel, proche de François Hollande perdrait
alors son fauteuil de président ?
Ce serait un mauvais vent
après des européennes qui s'annoncent désastreuses pour le PS. Il faut savoir
que la gauche n'est majoritaire au Sénat que de 6 voix, et encore, quand elle
vote à l'unisson. Ce qui n'est plus le cas depuis longtemps. Les Verts, emmenés
par Jean-Vincent Placé, se livrent à une guérilla parlementaire permanente, et
les communistes de Pierre Laurent monnayent cher leur vote. Les socialistes
sont obligés d'aller chercher des soutiens centristes pour faire passer
certains textes. Le dernier en date, et pas des moindres, celui sur la réforme
des retraites, a connu un fiasco retentissant mardi.
Le texte a été rejeté à l'unanimité. Zéro voix
"pour".
C'est suffisamment rare pour
être souligné. Les socialistes, qui ne sont pas majoritaires, ont eux aussi
voté contre le projet de réforme que la droite et les communistes avaient
dénaturé. L'épisode, que nous avons traité sur France Info, est passé
totalement inaperçu aux yeux du grand public. Parce que tout le monde s'en
fout : les députés ont toujours le dernier mot, le projet de loi sera voté
in fine à l'Assemblée nationale.
Alors, à quoi sert le Sénat, puisque sa parole ne
compte pas ?
A pas grand chose, en
réalité. La question est posée à chaque coup d'éclat : nous découvrons
alors que les sénateurs peuvent se muer en rebelles, avant qu'ils ne repassent
les plats aux députés, et tout le monde fait mine de s'interroger sur l'intérêt
du bicamérisme en France, en raillant cette haute chambre, où de nobles
vieillards somnolent dans un hémicycle quasi-désert.
Le Général de Gaulle, en son
temps, a voulu fusionner le Sénat avec le Conseil économique et social, et lui
ôter tout pouvoir de blocage. Son référendum sur la question le 27 avril 1969 lui
a été fatal. L'éventuelle perte de la
majorité sénatoriale pour François Hollande, qui ne l'empêcherait pas de
gouverner, serait tout de même, dans l'affichage, un signal très négatif pour
la deuxième moitié du quinquennat.
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