Le ministre de l'intérieur sera à l'affiche cesoir de l'émission " Des Paroles et des actes " sur France 2 , au cas où vous l'auriez raté dimanchedernier dans " Le Supplément " de Canal+ .Bel exercice d'ubiquité, puisque le magazine télé, diffusé en clair, estenregistré le vendredi. Le même Manuel Valls faisait la une du Journal du Dimanche, en appelant à" un réveil de la gauche ". Le ministre de l'Intérieur veut incarnerle rempart moral contre les dérives réactionnaires d'une partie extrême de ladroite, lui, le chouchou des sondages dont les bilans en matière de sécuritésont tout de même très contestés depuis plusieurs semaines. Par chance, lebalancier médiatique s'est reporté sur Christiane Taubira, la garde des sceaux dansla tourmente pour avoir réclamé la tête du procureur général de Paris. Et puis, il y a eu cette déclaration qui a mis le feulundi matin. C'est le ministre de l'Intérieurqui a pris les devants au lendemain du succès de la Manif pour tous, enmartelant sur RTL que le gouvernements'opposerait à tout amendement sur la PMA ou la GPA. La suite est connue :François Hollande a sacrifié le projet de loi sur la famille, dès lundi après-midi,alors qu'il souhaitait attendre quelques jours pour l'annoncer, afin de ne pasdonner la sensation de céder à la rue. Le landerneau politique a aussitôtaccusé Manuel Valls de tirer la couverture à lui, parce qu'il n'avait pas étémis dans le secret présidentiel, au même titre que Jean-Marc Ayrault ou Brunole Roux, le patron du groupe PS à l'Assemblée. La réalité est bien plus banale ? Le ministre de l'Intérieursavait depuis longtemps, comme d'autres, que le président, hostile à laProcréation Médicalement Assistée, parce qu'elle braque une partie de lasociété, ne voulait pas entendre parler d'amendement socialiste ou vert. ManuelValls n'a fait que répondre à une question qui lui était posée sur la PMA,ignorant que le chef de l'Etat avait déjà sonné le glas de la loi Bertinotti. " Ila parlé cash, comme à son habitude, il n'était pas en service commandé ", assureFrançois Rebsamen, le président du groupe socialiste au Sénat. Ce n'était pasun coup de Trafalgar du ministre de l'Intérieur, mais un simple manque decoordination. Comme d'habitude. " Manuel ne nous a pas dit qu'il faisaitun média lundi matin ", aurait confié le président à un proche. Entrel'Elysée et la place Beauvau, il suffit pourtant de traverser la rue si le téléphoneest en panne. Manuel Valls est en baisse dans les sondages. Le sujetl'inquiète ? Pas vraiment. Sa cote de popularitéétait anormalement élevée... à droite. Le patron de Beauvau a laissé des plumesdans son affrontement avec Dieudonné, en passant pour unliberticide, y compris auprès de toute une frange de la gauche. Manuel Valls qui dit ne pas regretter de s'êtreopposé au polémiste auteur de sketches antisémites, alors que les politiques etles intellectuels regardaient ailleurs. Ce combat-là sera payant, à terme. Sonentourage affirme également qu'il ne fait pas une obsession de Matignon, mêmesi c'est passé tout près, conscient du piège absolu que représente la fonctionde Premier ministre quand il s'agit de viser plus haut. Sa popularité, même enrecul, est telle que le moindre de ses faits et gestes est surinterprété. Il ya dix ans, la presse disait de son prédécesseur : " Sarko, il en faittrop ". Le vice-Premier ministre Valls en fait lui aussi déjà beaucoup.