C'est une sorte de bizutage parlementaire qui s'est abattusur le Premier ministre hier. Pour ouvrirce débat sur le budget 2013, le plus sévère de laVème République, l'opposition a débuté par un tir barrage sur le Premierministre : "Y'a-t-il un pilote dansl'avion ? " s'est époumonné le chef de filedes députés UMP Christian Jacob, sur fondde cris "Démission ! Démission !" scandé par ses troupes dans l'hémicycle. L'ambiance était donc celle des séances houleuses hieret à la sortie de séance, l'offensive s'est poursuivie : "des amateurs " à latête de l'Etat, pour Patrick Balkany, "un concours Lépine d'amendements ", pourle normand Philippe Gosselin, "un foutoir sans nom" pour Laurent Wauquiez.Le but de cette attaque en escadrille, c'est de marquer le coup avant des débats plustechniques sur le budget, en appuyant làoù ça fait mal : les couacs présumés et les recadrages qui jalonnent la vie dela majorité depuis cinq mois. Le thème dumanque d'autorité pour déboulonner un peu plus la statue de Jean-Marc Ayrault...et au delà, car Christian Jacob ne visepas que le Premier ministre. Il estime que laméthode de gouvernement de François Hollande est aussi mise encause.Et les députés UMP de rappeler tous ces sujets qui ont faitcahoter la gauche : redevanceaudiovisuelle, oeuvres d'art dans l'ISF, objectif de 3% de déficit et enfin, débat sur le cannabis. Mais cette stratégie decritique ne fait l'unanimité à droite Benoist Apparu, ancien ministre du logement et député de laMarne ne voit pas l'intérêt de ces "hurlementspermanents" et estime qu'"on n'a pas besoin de ces comportementscaricaturaux".L'offensive concertée aura unpeu reserré les rangs à gauche. Certains parlent d'un pack, comme au rugby, autour de Jean-Marc Ayrault. Le président dugroupe PS à l'Assemblée, Bruno LeRoux, explique que le Premier ministre esttout simplement ouvert à la discussion. Pour Olivier Falorni, le socialiste qui a battu Ségolène Royal à LaRochelle, ces attaques sont outrancières mais le premierministre y prête le flanc car il doit encores'affirmer.Entre la droite qui tape,celle qui crie halte au feu; la gauche qui se reserre tout en gardant sesdistances, le flèchage des positions à l'Assemblée nationale n'est pas toujoursfacile à suivre. Mais dans les couloirs, des députés craignent tout de même que le seulgagnant de cette bataille politique nesoit le Front national.