Il est l'homme qui valait 50 milliards
Ce hollandais fidèle, qui manie aussi bien la calculette qu'un
humour mordant, occupe depuis un an, jour pour jour, le bureau-cathédrale de
style Empire à Bercy, avec vue sur la Seine, à la suite d'un certain Jérôme
Cahuzac, parti pour raisons personnelles.
Le ministre délégué au Budget
est sur le point de rendre un épais dossier au président de la République :
le plan d'économie de 50 milliards d'euros pour la France d'ici à 2017.
Le secret le mieux gardé de
la République sera rendu public, dans ses grandes lignes, le 15 avril devant le
Parlement, en même temps que le Pacte de responsabilité aux entreprises, lors
de la présentation du programme de stabilité, qui sera expédié dans la foulée à
Bruxelles. François Hollande, qui pilote en personne le Conseil stratégique de
la dépense publique pourrait même en faire l'annonce auparavant, le dispositif
na pas encore été arrêté.
Personne ne connaît le détail du plan.
"On ne fait pas 50
milliards d'économies sans que ça se voit, et ça se verra ", promet Bernard
Cazeneuve.
Tous les ministères ont été auditionnés
le mois dernier. "Ce sera méthodique, implacable, rigoureux, il n'y aura
pas de sanctuaire ", ajoute le ministre du Budget qui n'en dit pas plus.
Dans quoi a-t-il
tranché ? Selon un ancien de Bercy, dans les 550 milliards de prestations
sociales sur les 1200 de dépenses publiques annuelles, dans la masse salariale
des fonctionnaires ou les doublons des Collectivités locales. La réduction des
frais de bouche de l'Elysée n'y suffira pas.
La plupart des économistes ne
voient pas où 50 milliards alors que nous sommes "à l'os". Il
faudrait mettre l'Etat au point mort pendant quelques mois.
La négociation aura été difficile.
"Mais jamais
désagréable", précise Bernard Cazeneuve, qui a été aussi patient que ferme face
à chaque membre du gouvernement. Sur son bureau, à sa gauche, trône un curieux
objet, un petit cochon rose mou, anti-stress, qu'il a pu malaxer devant
certains ministres récalcitrants. Il s'agit de l'un des objets insolites que
lui a ramenés Fleur Pellerin, en charge des PME et de l'économie numérique, de
ses multiples voyages à l'étranger. Scénario étrange : les ministres qui
ont défendu leur budget seront-ils encore là le mois prochain ?
Ce plan d'économie tombe mal.
Le gouvernement doit prouver
à Bruxelles sa capacité à ramener les déficits en-deçà des 3% imposés par
l'Union. De quoi gâcher la campagne des européennes. Mais dans un même temps,
ce mois d'avril doit marquer un tournant pour François Hollande, avec un
remaniement, un pacte et un plan d'économies, censés réveiller le quinquennat. Encore
faut-il trouver les 50 milliards promis, monsieur Steve Austin.
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