Hollande dans l'étau syrien
Le chef de l'Etat, aux dires
de son entourage, n'a pas suivi en direct, au cœur de la nuit, le discours de Barack
Obama. La cellule diplomatique de l'Elysée avait pour mission de le réveiller
en cas de surprise. Mais les grandes lignes de l'intervention du président
américain étaient déjà connues. Washington, Paris, ainsi que Londres qui revient
dans le jeu, s'étant mis d'accord pour ramener la crise dans l'enceinte des
Nations Unies, après la proposition surprise de Vladimir Poutine de mettre le
stock d'armes chimiques de Bachar El Assad sous contrôle international. Il est
loin, très loin le scénario d'une opération militaire surprise, avec une France
en fer de lance, au côté des Etats-Unis, et un François Hollande martial, déterminé
à punir le dictateur syrien, et faire en sorte d'en finir avec son régime de terreur.
Le feuilleton syrien, qui devait s'accélérer cette semaine avec le vote du
Congrès américain, et une nouvelle convocation du Parlement français, ce
feuilleton est parti pour durer de longs jours, voire de longues semaines. Et c'est
là que ça se complique.
François Hollande va-t-il
prendre la parole ?
Tous les regards sont
tournés vers l'Elysée. L'un de ses proches conseillers expliquait hier soir que
le chef de l'Etat allait se donner encore un peu de temps. Celui de voir
comment l'option diplomatique allait évoluer. Avec peut-être une prise de
parole en fin de semaine, voire en début de semaine prochaine. Mais on l'a vu
depuis le week-end dernier, le dossier syrien à rebondissements bouscule tous
les agendas. Le conseil de défense restreint qui va se tenir ce matin avant le
conseil des ministres devrait permettre d'y voir un peu plus clair. Il y sera
notamment question du projet de résolution de la France, très à charge pour le
régime de Bachar, tenu par Paris pour responsable de l'utilisation des armes
chimiques le 21 août à Damas. Texte refusé par la Russie. François Hollande est
donc prié de revoir sa copie à la baisse.****
Le chef de l'Etat peut-il
y perdre en termes d'image ?
Le moment est particulièrement délicat pour lui. Il
en va de sa crédibilité sur la scène internationale, avec un impact immédiat
sur une opinion très hostile à la base à une intervention en Syrie. Comme un
signe avant-coureur, le dernier sondage LH2, que publie le Nouvel Observateur,
lui fait perdre deux points avec 30% d'opinions favorables seulement. Le chef
de l'Etat ne capitalise pas sur les timides signes de reprise, il pâtit d'une
réforme de retraite mal comprise, et surtout de son incapacité à imposer cette
intervention militaire en Syrie, très impopulaire. La Syrie, ce n'est pas le
Mali, dont les buts de guerre étaient clairs, dans une zone jadis sous
influence française. L'Orient compliqué, c'est une autre affaire. L'Islam
radical effraie l'opinion, échaudée par des printemps arabes (, en Tunisie, en
Egypte, en Libye, qui ont débouché sur des tensions, voire du chaos dans les
pays qui étaient censés se libérer des dictateurs.
François Hollande est à un moment charnière ?
Il joue gros et il le sait. Le chef de l'Etat va
continuer à brandir sa menace de frappes militaires, au côté des Etats-Unis, afin
de maintenir la pression sur le pouvoir syrien, tout en acceptant le principe d'un
contrôle de l'ONU. François Hollande ne veut pas apparaitre ni comme une
girouette, ni comme un supplétif de Barack Obama, ni comme un va-t-en-guerre
jusqu'au-boutiste. Quelle que soit l'issue de ce bras-de-fer international, tout
sera dans l'art de l'explication... De la justification diront ses adversaires de
l'opposition qui l'attendent au tournant. Sa prise de parole en direction des
Français, qui se fait attendre, sera déterminante.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.