Face à la menace terroriste "il faut se rassembler" (Cazeneuve)
"Il faut une vigilance permanente. Nous agissons à l'Intérieur, avec la loi qui sera présentée à l'Assemblée nationale aujourd'hui et à l'extérieur en essayant de faire en sorte que la poussée de Daech en Irak et en Syrie soit stoppée. Nous avons plus de 900 ressortissants français qui sont engagés (sur des terrains de djihad). Tous ces ressortissants français qui fréquentent les sites de ces groupes djihadistes, qui ont fréquenté une violence extrême, représentent un risque, c'est incontestable".
La France est-elle aujourd'hui menacée par des attentats ?
"Notre objectif ce n'est pas de faire peur. Le rôle du ministère de l'Intérieur, le rôle de l'Etat c'est de faire en sorte que 100% de précautions soient prises pour que cela n'advienne pas. C'est l'objet du projet de loi. Zéro précaution face à un tel risque, c'est 100% de risques. Mais 100% de précautions, ce n'est pas nécessairement le risque zéro. C'est la raison pour laquelle il faut une attention de tous les instants".
La nouvelle loi prévoit l'interdiction administrative de sortie du territoire. Pourquoi et pour qui ?
"Il y a plus de 900 personnes qui sont concernées, 360 sont sur le théâtre des opérations aujourd'hui, à peu près 185 sont sur la route du retour après avoir participé à des exactions, 150 sont sur le chemin de la Syrie et 200 sont en France et ont exprimé le souhait de se rendre sur place. Donc l'objectif, c'est de faire en sorte que nos ressortissants ne partent pas. Parce que lorsqu'ils partent, ils commettent des actes et des crimes terroristes, donc pénalement répréhensibles, et surtout, quand ils reviennent, parce que le droit international nous oblige à les accepter sur le territoire national, ils représentent un danger extrême. Donc l'objectif de la loi, c'est d'empêcher les départs".
Comment la loi va-t-elle s'appliquer concrètement ?
"Il faut qu'il y ait suffisamment d'éléments qui témoignent de l’intention de celui qui part de participer à ces opérations djihadistes et le travail de nos services c'est précisément d'avoir ces éléments et de pouvoir les fournir à la justice dès lors que l'interdiction administrative est en œuvre. Et puis j'ai souhaité aussi que cette interdiction administrative, qui est une privation de la liberté d'aller et venir, il faut le reconnaître, soit assortie de toutes les garanties en droit, c'est à dire que le juge administratif puisse être saisi immédiatement. Cette loi repose sur un équilibre très fort entre la nécessité de la sécurité et la préservation à tout prix des libertés publiques".
La loi prévoit aussi le blocage des sites internet qui appellent au djihad. Est-ce vraiment possible techniquement ?
"Ce qu'il faut, c'est sensibiliser les fournisseurs d'accès internet à cette question. Dans le dispositif législatif que je prévois, il y a trois choses. D'abord, on commence par demander aux fournisseurs d'accès à Internet de prendre leurs responsabilités en coupant l'accès à ces sites de propagande. S'ils ne le font pas, on met une interdiction administrative, sous le contrôle du juge administratif. Et troisièmement, ça n'empêche pas le juge judiciaire de prendre le relais pour judiciariser la démarche que nous aurons initiée. Ce n'est pas imparable techniquement mais ça perturbe suffisamment le fonctionnement de ces sites pour que ça ait une utilité et une efficacité".
Est-ce que ce plan de lutte fait consensus aujourd'hui à droite comme à gauche ?
"Nous verrons, je ne présage pas des débats et des votes à l'Assemblée nationale. Mais il y aura une discussion, il y aura un débat, il y aura des amendements. Moi ce que je souhaite c'est que ce texte, qui est destiné à protéger les Français et leurs libertés soit un texte qui témoigne de la capacité de représentation nationale en responsabilité à se rassembler dans la lutte contre le terrorisme. Parce que ce sujet est grave, qu'il s'agit d'une menace inédite, qu'il s'agit d'une menace qui peut atteindre notre pays comme d'autres pays de l'Europe, et face à cette menace, il faut se rassembler."
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