Diesel : les Verts vont-ils claquer la portière ?
Plutôt oui, et l'exécutif mercredi n'a pas réussi à calmer cet allié vert de rage que les responsables socialistes
jugent aussi turbulent qu'ingérable. Le sujet est particulièrement sensible, et
il touche à deux préoccupations du quotidien : le porte-monnaie et la
santé. La bagarre dure depuis de longs mois, il fallait bien que ça éclate un
jour. Le gouvernement a choisi l'affrontement en décidant - et il va s'y tenir-
de ne pas augmenter le prix du diesel. Tout simplement pour ne pas plomber les
ménages les plus modestes, qui vont faire face, entre autres, à une hausse de
TVA le premier janvier prochain, et qui seront peut-être tentés d'aller voter
Marine Le Pen.
Pas question non plus de déclencher une grève généralisée dans
le transport routier, avec des images dévastatrices de paralysie du pays.
François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont donc tranché, en dépit des
conclusions de l'OMS sur le caractère cancérogène des gaz d'échappement des
véhicules diesel...
Les Verts mettent en
avant un chiffre censé frapper l'opinion
Oui, 42.000 morts par an, répète en boucle depuis mercredi dans chaque interview. Gérald Roux a déjà tranché la
question sur France Info dans sa
chronique "le vrai du faux" : le chiffre, en fait, concerne l'ensemble des
particules fines, pas seulement le transport routier. Mais l'impact sur la
santé reste réel.
Et puis il y a l'autre aspect purement économique du problème :
le diesel moins cher que le sans plomb prive l'Etat de sept milliards d'euros de
rentrées fiscales, selon un rapport de la Cour des comptes. Une somme
rondelette qui ferait du bien à nos finances publiques.
Le gouvernement s'est
offert du coup le premier couac de la rentrée...
Philippe Martin, qui a
succédé à Delphine Batho virée du gouvernement pour avoir critiqué le budget, s'était
taillé un beau succès fin août devant les Verts, en annonçant la création d'une
contribution climat énergie. La lune de miel est terminée, le nouveau ministre de l'écologie a mis le feu mercredi matin en évoquant un simple verdissement de la taxe intérieure de consommation,
excluant - de fait - une hausse de la fiscalité sur le diesel.
Les deux ministres
Verts ont découvert que l'exécutif avait déjà tranché la question. Le
rétropédalage de Philippe Martin en fin de journée, expliquant que rien n'était
arbitré, et qu'il fallait attendre que François Hollande s'exprime la semaine
prochaine à la conférence environnementale, ce rétropédalage n'a servi à rien.
Les Verts peuvent claquer
la porte du gouvernement ?
Ils finiront bien par mettre
leur menace à exécution. Cécile Duflot ne cache plus son désir de quitter
ses fonctions après la mise en route de sa loi sur le logement. Pascal Durand, le
patron des Verts, qui fait du diesel un casus belli avec ce PS qu'il trouve si
arrogant, rappelait récemment qu'un autre dossier brûlant restait sur la table,
celui de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes cher à Jean-Marc Ayrault.
Les Verts, ce sont 2 % à la
présidentielle et 16 députés à la sortie, de sacrées grandes gueules comme Jean-Vincent Placé et Noël Mamère, et une forte
capacité de nuisance au sein de la majorité. Il faut rappeler que les écologistes
préparent eux aussi les municipales et les européennes. Ils vont jouer leur
crédibilité dans ce bras-de-fer. Cette fois, l'alerte est sérieuse.
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