Crise de la dette, langage de vérité et Dati en furie
Nous ne sommes pas en guerre, mais la situation est grave. Nicolas Sarkozy ne manque pas de dramatiser l'enjeu. Il avait annoncé un sommet européen crucial. L'heure de vérité est repoussée à mercredi. Mais c'est bien en rempart contre la crise que le chef de l'Etat se présentera, sans doute jeudi, à la télévision.
_ Le conseiller de Nicolas Sarkozy Henry Guaino, invité de BFMTV ce matin, n'aime pas la citation de Churchill : "je n'aime pas cette expression qui est une expression de guerre ; on n'est pas dans la bataille de Londres".
Le président bientôt candidat n'a guère le choix : il lui faut faire campagne sur la rigueur
Objectif : sauver le fameux triple A, quitte à imposer un nouveau tour de vis. Le budget 2012, actuellement discuté à l'assemblée, est bâti sur des prévisions de croissance qui vont être revues à la baisse. Cela veut dire qu'un plan d'austérité se prépare.Quand le mettre en œuvre ? C'est toute la difficulté pour l'Elysée, qui aurait préféré ne pas plomber la campagne de Nicolas Sarkozy. Mais il y a urgence. Le nouveau serrage de ceinture pourrait être réclamé en début d'année prochaine.
_ Valérie Pércresse, la ministre du budget était l'invité de France Info ce matin : "Rien n’est tabou […] La révision de la croissance n’est pas tabou […] S’il s’avérait nécessaire de réviser la croissance, nous le ferions, s’il s’avérait nécessaire de faire des efforts supplémentaires, nous le ferions".
Plutôt que parler de "rigueur", Nicolas Sarkozy et le gouvernement entendent "dire la vérité aux Français"
Ce langage de vérité, c'est le sésame sensé faire passer la pilule. La vérité, plutôt que les fausses promesses et les mensonges de la gauche. C'est le principal axe de la campagne menée contre François Hollande, intronisé ce week-end candidat socialiste pour 2012. François Hollande, qui a tenté de prévenir ces attaques : "je n'entends rien cacher des difficultés qui s'annoncent [...] je ne serai pas le président qui reniera ses promesses en découvrant avec effroi que les caisses sont vides".
Le postulat, c'est que le peuple de gauche, comme l'ensemble des français, est prêt à entendre le fameux langage de vérité. Le député et président du conseil général de Seine Saint-Denis Claude Bartolone, était ce matin sur Radio Classique : "la grande différence entre la prochaine élection présidentielle et le contexte que nous avons pu connaitre en 1981, c'est que l'ensemble de citoyens se rend compte que c'est dur ; mais ce qu'ils ne veulent plus, c'est que dans une période de grande difficulté, ce soit les mêmes qui soient sous la douche".
Comme quoi la rigueur s'impose à tous, gauche et droite. François Hollande a d'ores et déjà promis que s'il est élu, son cap pour 2017 sera le zéro déficit. De quoi fâcher son aile gauche, mais de quoi rassurer l'électorat centriste.
Crise de la dette. Les décisions européennes sont donc attendues mercredi.
Question, Nicolas Sarkozy tient-il fermement la barre ?
Jean-Luc Mélenchon en doute sur RTL, le patron du parti de gauche fustige, je cite, la naïveté du chef de l'Etat : "une certaine forme de naïveté, qui est l'imprudence de ceux qui se croient puissant alors qu'ils ne le sont pas ; les allemands ont tenu bon, les français n'ont pas tenu bon sur leur propre ligne [...] la spéculation n'a pas eu les reins brisés dans cette affaire".
_ Réponse outrée du ministre de l'économie François Baroin ce matin sur Europe 1 : "le président de la République est concentré à 150% sur cette affaire ; on travaille jour et nuit sur ces histoires pour ne pas se tromper".
Rachida Dati règle ses comptes
L'eurodéputée et maire du VIIème arrondissement de Paris n'apprécie pas du tout de voir François Fillon marcher sur ses plates-bandes.
Le Premier ministre va se présenter aux législatives dans la circonscription que vise Rachida Dati. Et hier soir, dans l'émission Radio France Politique, elle n'y est pas allée de main morte : elle accuse François Fillon d'utiliser sa fonction et son pouvoir. Elle l'accuse d’avoir recruté à Matignon une personne pour se charger de sa campagne pour Paris. "il (François Fillon) reçoit les élus les uns après les autres pour leur proposer des postes et des tas d'autres choses", ajoute Rachida Dati.
_ Ce matin sur France Info, Philippe Goujon, député UMP de Paris, proche de François Fillon, se demande "si Madame Dati est encore dans la majorité ou si elle est dans l'opposition [...] Même l'opposition n'a pas des propos aussi excessifs ; tout ce qui est excessif est insignifiant". Philippe Goujon dément le recrutement d'une personne à Matignon chargée de la campagne législative du premier ministre.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.