Cambadélis règle ses comptes avec Migaud
Jean-Christophe Cambadélis nous a offert un bon vieux "bourre-pif" dans la grande tradition des Tontons Flingueurs d’Audiard. Le patron du Parti socialiste a fait un bond hier matin en entendant Didier Migaud à la radio. Le premier président de la Cour des comptes, ancien député PS de l’Isère, était tout simplement en train d’administrer une leçon au gouvernement. Le rapport officiel que la Cour a rendu public la veille épingle la politique de François Hollande : d’abord Migaud a tiré un coup de chapeau au président qui pour la première fois a réduit les déficits, avant de l’étriller en bonne et due forme. Et lui donner une série de conseils pour redresser le pays. "La cour des comptes est là pour pointer les manquements dans les comptes de la Nation, pas pour délivrer un mauvais bulletin à l’élève Hollande et lui dire ce qu’il faut faire" , fulmine Jean-Christophe Cambadélis.
Ce que dit le rapport
Didier Migaud prévoit un dérapage du déficit en 2014, à 4% voire plus, alors que le gouvernement parle de 3,8, ainsi qu’une dette publique qui va dépasser les deux mille milliards d’euros, une paille. Le plan à 50 milliards serait incertain, avec 30 milliards d’économies peu documentés. 11 milliards d’économies sur les collectivités locales loin d’être acquis, explique Didier Migaud. En langage clair, le gouvernement nous mène en bateau et ne sait pas où il va trouver l’argent. Et pour la Cour des comptes, il faut moins de fonctionnaires, avec un non-renouvellement d’un départ à la retraite sur trois et rallonger la durée légale du travail.
La riposte de Jean-Christophe Cambadélis
Camba ruminait depuis un moment. Le patron du PS, qui sait être aussi placide que sanguin, n’a pas fait dans la dentelle, en publiant sur son blog hier en début d’après-midi un billet rageur intitulé : "rapport de la cour des comptes, une vision partielle et partiale du pays" . Pour lui, Didier Migaud décrédibilise le plan de relance de François Hollande et affaiblit la position de la France vis-à-vis de l’Union européenne. Et ses conseils sur les fonctionnaires n’auraient pas d’autre effet que de jeter des millions de personnes dans la rue.
Au final, qui a raison dans ce débat ?
Cela fait un peu désordre de voir un premier président de la Cour des comptes, d’obédience socialiste, nous expliquer que la politique menée par François Hollande est inefficiente. Didier Migaud s’inscrit pleinement dans la trajectoire budgétaire édictée par Bruxelles. Alors que Jean-Christophe Cambadélis veut réviser la sacro-sainte règle des 3%, estimant que les économies, c’est bien, mais sans la croissance, elles ne servent à rien. La controverse, qui permet au PS de faire entendre une autre musique au moment où démarre le débat budgétaire, ne sera pas levée tant que les résultats se feront attendre.
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