A l'origine, un accord entre le patronat et trois syndicats,signé en janvier 2012. Le gouvernement veut que cet accord soit respecté à lalettre mais les parlementaires ne l'entendent pas de cette oreille, notamment àgauche.Tout l'accord, rien que l'accord. C'est François Hollandequi le dit. Le président ne veut pas que les parlementaires détricotent ce queles partenaires sociaux ont longuement négocié et met en garde ses proprestroupes : "L'engagement que j'ai pris devant les partenairessociaux, c'est que ce serait tout l'accord, rien que l'accord. Toute correctiondevra être approuvée par les signataires ".Et si François Hollande y met tant de coeur, c'est quel'accord sur la sécurisation de l'emploi est l'un des principaux outils censéslui permettre d'inverser la courbe du chômage d'ici la fin de l'année. Cetaccord, c'est aussi la mise en pratique de la démocratie sociale qu'il appellede ses voeux, et souhaite même inscrire dans la constitution.Deux points sur lesquels le président est en désaccord avecune partie de sa majoritéA gauche comme à droite, et même plus qu'à droite, leslégislateurs se rebiffent. Le parlement n'est pas une chambre d'enregistrement,pas question de se limiter au copié-collé d'un texte signé par une partieseulement des syndicats.Plus on est à gauche, plus on juge que, sur le fond,l'accord est déséquilibré. "On n'est pas des démolisseurs du code dutravail ", proclame André Chassaigne, patron des députés front de gauche."Les députés ne sont pas les scribes du Medef. C'estun très mauvais texte. Nous allons le combattre pied à pied, le décortiquer, ledétricoter, le désarticuler. On voudrait faire la démonstration que legouvernement va dans le mur. "Le Front de gauche s'apprête à déposer 4.500 amendements. Ily en aura aussi quelques dizaines émanant des rangs socialistes et là aussi, ons'inquiète du mauvais signal envoyé à l'électorat de gauche."Quand on voit la situation politique dans laquellenous nous trouvons, des élections mauvaises, des sondages extrêmement alarmants,et bien il y a une réalité simple. Quand la base sociale qui vous a élu a lesentiment que vous ne défendez pas vos engagements, cela va mal ",explique la sénatrice PS de Paris, Marie-Noëlle Lienemann.La gauche de la gauche vent deboutLa gauche du PSrevendicative. Voilà qui rappelle un autre épisode houleux de la vie parlementairesous le quinquennat Hollande. C'était à l'automne dernier, à l'occasion du votedu traité européen, préparé par Nicolas Sarkozy, et finalement signé par FrançoisHollande, avec l'ajout d'un volet croissance. A l'époque cela avait tangué dansla majorité mais le porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée Thierry Mandonveut croire que les choses ont changé : "Il y aura moins d'oppositionà cet accord qu'il y en a eu au début du quinquennat sur le traité. Je penseque la majorité mûrie, elle sait qu'il y a des mesures difficiles à prendre, qu'iln'y a pas d'autres solutions et qu'il faut tenir bon. "Un optimisme partagé au ministère du travailLe ministre Michel Sapin appelle à trouver "le bon réglage" sur cequi peut être "bougé" dans le texte. Son entourage est serein, "iln'y aura pas de sang le 2 avril ". Le ministre a mis tout son poids politiquedans la bataille. Les communistes sont sept, c'est difficile de faire uneguerre de tranchée à sept.Les difficultés ne vont pas venir que de la gaucheL'UMP et les centristes de l'UDI avaient laissé entendrequ'ils voteraient ce texte. Désormais, rien n'est moins sûr : "C'esttypiquement les sujets sur lesquels nous avions montré une volonté detravailler de manière constructive et positive. Mais je suis très inquiet devoir qu'il y a de nombreuses velléités dans la majorité actuelle de revenir surcet accord, en des termes qui viendraient rigidifier considérablement lesconditions de flexibilité et qui alors rendraient la nature de cet accordcaduque. Dans ce contexte, la position, qui est la mienne, est d'attendre ",explique le patron de l'UMP, Jean-François Copé.La droite entend monnayer son soutien au prix fort etprofiter de l'occasion pour rouvrir le débat sur les 35 heures. La sécurisationde l'emploi, terrain miné.