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Salaires du CAC 40 : "Énormément de hausses" (Loïc Dessaint, Proxinvest)

Loïc Dessaint, directeur du cabinet Proxinvest, était l'invité de Jean Leymarie, jeudi sur franceinfo, pour parler de la rémunération des dirigeants d'entreprises côtées au CAC 40.

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Loïc Dessaint, directeur du cabinet Proxinvest, le 20 avril 2017. (RADIO FRANCE / CAPTURE D'ÉCRAN)

La période des assemblées générales a commencé pour les entreprises cotées en bourse. Les rémunérations des dirigeants vont être regardées de près. Certaines pourraient être rejetées, comme chez Renault l’an dernier, ou chez Elior récemment. Renforcés par la loi Sapin 2, entrée en vigueur en 2017, les actionnaires auront leur mot à dire. Ils vont pouvoir mieux faire valoir leurs positions.

Invité de franceinfo, jeudi 20 avril, Loïc Dessaint, directeur du cabinet Proxinvest, a expliqué que "la loi française en matière de droit des actionnaires est l'une des plus poussée, sinon la plus poussée au monde". Il a également souligné que les rémunérations "choquent de plus en plus", et même "les gros investisseurs".

franceinfo : De plus en plus, les actionnaires s'opposent à certaines rémunérations. Que veulent-ils ?

Loïc Dessaint : Ils veulent de la mesure. Ils veulent des rémunérations qui ne soient pas disproportionnées. Ils veulent un lien avec les performances et les résultats de l'entreprise. Enfin, ils veulent toute l'information.

L'an dernier les actionnaires de Renault ont voté contre la rémunération de Carlos Ghosn qui était, uniquement pour Renault, de plus de 7 millions d'euros. Le conseil d'administration avait décidé d'ignorer le vote des actionnaires. Est-ce normal ?

Non. Dans un système privé, capitaliste, le conseil d'administration est nommé par les actionnaires pour les représenter. Il ne peut pas aller contre l'avis de l'assemblée générale des actionnaires. Là, c'est ce qu'il a fait. Cela a amené à une réaction législative, la loi Sapin 2. Elle introduit un vote contraignant des actionnaires.

Est-ce que la loi Sapin 2 va assez loin ?

En matière de droit des actionnaires, la loi en France est la plus poussée au monde. Elle est très observée. Tous les pays ont le même problème d'un petit groupe de dirigeants qui parfois se rémunèrent un peu trop. Nous sommes une sorte de laboratoire du droit de l'assemblée générale sur le contrôle des rémunérations des dirigeants.

Selon les chiffres de Proxinvest, en 2015, les dirigeants du CAC 40 ont été augmentés de 18%. Comment est-ce perçu ?

Les gens réagissent beaucoup. La rémunération des français a augmenté d'un peu plus de 2%. Pour le CAC 40, c'est plus de 18%. Il est normal que cela choque. Nos clients ont vu que les résultats n'étaient pas si bon que ça. Cela choque à la fois les citoyens français, les salariés de ces groupes, parfois les gros investisseurs, et les fonds de pension. Il y a des montants qui choquent de plus en plus.

L'argument des dirigeants pour justifier leur haut niveau de rémunération est qu'ils sont très recherchés ?

C'est l'argument selon lequel il existerait un marché des dirigeants. C'est généralement un mythe. Les dirigeants français veulent se comparer aux dirigeants américains et importer en France les rémunérations américaines. C'est un argument que je ne retiens pas. Les dirigeants français s'exportent mal. Carlos Tavares (PDG de PSA) ou Carlos Ghosn (PDG de Reanult-Nissan) sont de très bons dirigeants. Mais est-ce que Carlos Ghosn quitterait Reanult-Nissan uniquement pour de l'argent ? Non. Carlos Ghosn, son projet de vie c'est Renault Nissan. Croire que les dirigeants n'ont aucune éthique et qu'ils peuvent trahir leur propre groupe est aussi jeter un peu d'opprobre sur certains de leurs collègues. Ce ne sont pas que des mercenaires.

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