"S'aimer soi, c'est le début d'une aventure qui permet de réaliser de très belles choses", assure Kelly Massol dans une autobiographie inspirante
"S'aimer soi, c'est le début d'une aventure qui permet de réaliser de très belles choses", explique sur franceinfo, vendredi 10 janvier, Kelly Massol, qui vient de publier, à 41 ans, son autobiographie aux éditions du Rocher Boss Energy : la puissance de croire en soi, dans laquelle elle raconte son parcours. Et elle l'affirme, pour réussir, "il ne faut pas avoir peur d'échouer, même si on n'atterrit pas sur la Lune, on atterrit dans les étoiles."
Kelly Massol est la créatrice des Secrets de Loly, une marque de produits pour les cheveux texturés, faits avec des produits naturels et qui rencontre un franc succès. Partant du constat que "six personnes sur dix dans le monde n'ont pas les cheveux raides" et que "dans les supermarchés, 80% de l'offre était dédiée à des cheveux raides", l'objectif de sa marque est de lutter contre la discrimination capilaire. Elle est une patronne atypique qui a participé à l'émission de M6 "Qui veut être mon associé".
francienfo : Vous avez 41 ans, c'est un peu jeune pour écrire ses mémoires, mais c'est vrai que vous avez une histoire profondément originale. Fallait-il la raconter pour démontrer que la réussite professionnelle entrepreneuriale n'est pas réservée aux élites, aux enfants de bonne famille qui ont fait des études et qui ont du réseau ?
Kelly Massol : Tout à fait, je suis de cet avis-là. Je pense qu'on a besoin d'exemples, on a besoin d'identification et on a besoin d'avoir des gens qui nous ressemblent et les voir réussir pour pouvoir nous aussi planter des graines pour penser à la réussite et au succès.
Ça manque justement des images de rôles modèles féminins, issus de la diversité, plus jeunes ?
Oui, effectivement. Il y a plein d'enfants qui grandissent aujourd'hui sans rôle modèle, sans, surtout, des succès entrepreneuriaux.
"Des rôles modèles on en a, on en a toujours eus dans le sport, dans la musique, etc. Mais en tant que businessman et businesswoman, on a beaucoup moins de modèles auxquels les jeunes peuvent s'identifier aujourd'hui."
Kelly Massolsur franceinfo
Et puis, au bout d'un moment, à force que les gens me disent, et notamment la génération plus jeune, que j'étais inspirante, j'ai décidé d'essayer de donner en tout cas ma voix et ma version de mon histoire dans ce livre Boss Energy.
Qu'est-ce qui a fait la différence pour vous, à part votre force de caractère et votre ténacité ?
La résilience. Le fait, je pense aussi, de prendre les choses comme elles sont et toujours se dire que demain sera un jour meilleur. Et surtout de ne rien attendre des autres et uniquement attendre de soi. Je pense que ça, c'est un marqueur de réussite, puisque finalement, on ne peut pas être déçu. Et puis s'aimer soi, c'est le début d'une aventure qui permet de réaliser de très belles choses. La confiance en soi est souvent sous-estimée, et la puissance en fait que ça peut donner de croire en soi dès finalement l'école, quand on commence.
Racontez-nous votre histoire, pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas ?
Je ne suis pas forcément sortie avec les meilleures cartes du jeu. J'ai grandi dans le neuvième arrondissement, élevée par ma grand-mère, parce que ma mère était allée chercher du lait à l'âge de six mois et n'est pas revenue. En tout cas, elle est revenue un peu plus d'un an après parce qu'elle était assez jeune. Donc je n'ai pas pu compter sur ma mère et j'ai eu une éducation par une femme beaucoup plus mature, avec donc des valeurs différentes finalement des années 80 puisqu'elle était plus que cinquantenaire et c'est ce qui m'a donné, je pense, des valeurs de travail, des valeurs de respect, des valeurs de politesse, qui ont fait que j'ai pu naviguer dans des réseaux, dans des sphères, en étant comme un caméléon. C'est-à-dire à la fois issue d'un quartier populaire et à la fois, j'ai réussi à aller dans des écoles de quartiers assez aisés à Paris et c'est ce qui m'a menée finalement vers l'entrepreneuriat, la débrouillardise.
Vous avez quand même demandé à être placée en famille d'accueil parce que vous ne vouliez plus vivre avec votre mère. Vous avez confectionné vous-même vos produits de beauté dans votre cuisine parce que vous ne trouviez pas des produits qui vous convenaient sur le marché, puisque c'était la grande époque du défrisage et vous montrez dans ce livre que c'est catastrophique, que ce sont des produits chimiques et qu'il ne faut absolument pas le faire.
J'ai une détermination qui est effectivement innée.
"Je pense qu'on n'est jamais mieux servi que par soi-même, et c'est ça en fait le message du livre : arrêtons d'attendre des autres et faisons, réalisons, sautons le pas et ça commence par croire en soi et ça commence ensuite par faire des choses."
Kelly Massolsur franceinfo
Parce que finalement, ce n'est pas très français, mais l'échec, faire, sauter le pas, il ne faut pas avoir peur d'échouer et bien souvent, même si on n'atterrit pas sur la Lune, on atterrit dans les étoiles.
Vos produits ne sont pas que des produits, c'est aussi un moyen de lutter contre la discrimination capillaire. Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s'agit ?
Six personnes sur dix dans le monde n'ont pas les cheveux raides. Et quand vous regardez dans les supermarchés, 80% de l'offre était dédiée à des cheveux raides. Donc, déjà, il y avait une discrimination à ce niveau-là.
"Il y a plein de personnes qui ne peuvent pas porter leurs cheveux naturels, c'est-à-dire leurs boucles naturelles, dans certains milieux, que ce soit à l'école, dans le milieu professionnel, etc. On leur dit que leurs cheveux prennent trop de place, qu'ils ne sont pas coiffés, alors que finalement, ce sont leurs boucles naturelles, c'est comme ça qu'elles se réveillent le matin."
Kelly Massolsur franceinfo
Donc, vraiment, il y avait un vrai mal-être de la part des femmes et des hommes à cheveux texturés, et la marque les aide à porter leurs cheveux au naturel. Mais nous, on porte aussi des valeurs d'appréciation, d'acceptation de soi et surtout d'inclusivité et de diversité.
Ce sont des produits entièrement naturels que vous avez confectionnés, au début, toute seule dans votre cuisine. Aujourd'hui, Les Secrets de Loly sont vendus dans les grandes surfaces, 4 000 points de vente au total, dans une cinquantaine de pays. C'est quoi la suite aujourd'hui ?
La suite, c'est l'international. La suite, c'est qu'on est en train de devenir aussi une des marques leaders en pharmacie actuellement. Donc on va continuer en fait à faire grandir la marque. On va continuer à dresser de nouveaux marchés en France, à l'international et de nouveaux segments, notamment dans le capillaire, et essayer de continuer à évangéliser ce marché qui a une croissance incroyable, sachant que Secrets de Loly aujourd'hui, ce sont plus de 30 millions d'euros de chiffre d'affaires.
Parmi ces nouveaux marchés, est-ce qu'il y a le Brésil ? Et est-ce que l'opposition française au Mercosur vous inquiète ? Puisqu'on sait que le Brésil est un des principaux marchés pour les cheveux texturés.
C'est un énorme marché pour les cheveux texturés, c'est vrai qu'il y a une grosse barrière à l'entrée si on ne fabrique pas sur place. Donc, à partir de ce moment-là, nous, en tant que marque, on ne va pas forcément se diriger vers le Brésil en premier. On va d'abord plutôt rester concentrés sur l'Europe et, ensuite, on va ouvrir de nouveaux marchés qui sont grandissants et florissants pour nous, tels que l'Afrique et les Émirats arabes unis. Le Brésil, pour l'instant, on n'y touche pas.
En France, on est en plein débat fiscal, en plein débat budgétaire, avec la nomination d'un nouveau gouvernement Bayrou. Est-ce que ça vous intéresse comme chef d'entreprise ? Est-ce qu'il y a des mesures fiscales ou sociales que vous voudriez voir prises ou, au contraire, que vous craignez ?
Je pense que le bouclier fiscal de Macron a permis à beaucoup d'entrepreneurs de rester ici et de ne pas partir ailleurs, à cause de la pression fiscale, notamment lorsqu'on fait des opérations ou lorsqu'on est racheté par un grand groupe. Je pense que l'impact des entrepreneurs sur l'économie, en fait, il faut continuer à soutenir leur moral et que toutes les mesures qui sont prises, et ces derniers mois, effectivement, où on était complètement perdu, ont fait qu'on a beaucoup moins mené nos entreprises vers des objectifs de croissance. On a eu tendance à se refermer sur nous-même.
Vous avez fait partie de ceux qui ont attendu, en termes d'investissement, que ça se stabilise d'un point de vue politique ?
Moi, en tant qu'investisseuse, notamment dans l'émission "Qui veut devenir mon associé", j'ai été beaucoup plus prudente. J'ai investi 2,3 millions d'euros l'année dernière et cette année, j'ai investi beaucoup moins d'argent effectivement, puisque les marchés sont frileux. Et puis les jeunes entreprises ont tendance effectivement à ralentir leur croissance. Donc, il faut faire attention, justement, à cette pression fiscale et cette "émotion" qui est en train de cristalliser les gens. Les entrepreneurs sont des gens qui sont libres et c'est pour ça que ce sont eux qui risquent de partir en premier.
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