Réforme de l'assurance-chômage : la CPME appelle "l'exécutif à publier" le décret
"Nous appelons tout simplement l'exécutif à publier ce décret", a affirmé François Asselin lundi 10 juin. Le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) n'a "aucune certitude" sur la publication du décret. "Nous prenons contact avec l'exécutif pour savoir, sur ces sujets-là entre autres, ce que sera leur décision", assure François Asselin.
Le 26 mai, le Premier ministre Gabriel Attal a officiellement dévoilé le contenu de la réforme de l’assurance-chômage. Appelée à entrer en vigueur le 1er décembre, elle comprend notamment une durée d'indemnisation réduite de 18 à 15 mois, et la nécessité d'avoir travaillé huit mois sur les 20 derniers mois pour être indemnisé (contre six mois au cours des 24 derniers mois actuellement).
Franceinfo : Comment réagissez-vous à la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République suite aux élections européennes du 9 juin qui ont placé le Rassemblement national en tête ? Accueillez-vous ces résultats avec colère, comme la CGT ? Voulez-vous combattre l'extrême droite comme la CFDT ?
François Asselin : La seule chose pour laquelle nous nous battons à la CPME, c'est de faire en sorte qu'il y ait un environnement favorable aux entreprises et aux entrepreneurs. En clair, il faut garder intact l'esprit d'entreprendre. C'est très important parce que le succès économique de la France, c'est celui des entreprises. Et comme 99% des entreprises sont des PME, des TPE, vous comprenez bien qu'un environnement porteur pour les entreprises est un environnement qui permettra à la France économiquement de s'en sortir. Alors maintenant, les résultats sont ce qu'ils sont. C'est-à-dire qu'il n'y a aucune surprise, parce que tout était annoncé. La seule grande surprise, c'est la dissolution de l'Assemblée. Et là, bien évidemment, ça change pas mal de choses. Pourquoi ? Parce que nous, entrepreneurs, on a besoin de lisibilité et de stabilité. Et là, bien évidemment, vous avez toujours la main invisible en matière économique qui s'appelle la confiance, qui fait que dans ce temps suspendu, tout le monde est un petit peu inquiet.
Les marchés financiers ont réagi, la Bourse de Paris a clôturé en baisse de 1,35%, ça montre l'inquiétude des marchés financiers. Est-ce votre cas également ?
Les entrepreneurs sont des pragmatiques. C'est-à-dire que si on avance dans un environnement qui est instable, bien évidemment, lorsque vous devez investir, lorsque vous voulez embaucher, vous vous dites : est-ce que je pose un acte porteur d'espérance alors que l'horizon est un peu incertain ? Donc nous avons besoin, bien évidemment, d'être rassurés rapidement. Il y aura les élections législatives pour cela. Et ce que nous demandons, c'est tout simplement de garder "le cap", c'est-à-dire cette stabilité, cette lisibilité en matière fiscale, surtout ne pas remettre en cause la politique de l'offre, c'est très important.
"Il y a un sujet auquel, quelle que soit la couleur demain du Parlement, personne n'échappera, c'est le principe de réalité, c'est que nous avons 3 100 milliards d'euros de dette".
François Asselinsur franceinfo
C'est considérable. Et sans une stratégie vraiment profonde de réforme de l'action publique, nous aurons beaucoup de mal à nous en sortir.
Les marchés financiers anticipent une incapacité du RN s'ils arrivent en tête des élections législatives, à redresser les finances publiques. Est-ce votre cas aussi ?
Le Rassemblement national a toujours eu cette fébrilité ou cette fragilité dans son programme en matière économique et sociale. Par exemple avec le projet de revoir la réforme des retraites, alors qu'elle est absolument nécessaire, tout simplement pour l'évolution démographique du pays. Nous sommes dans un système, un régime par répartition, donc il faut en tenir compte. Sur le champ économique et social, le Rassemblement national a tout le temps eu un côté "perfectible". Donc, évidemment, il est observé de près par les marchés. D'autant plus de la moitié de la dette de la France est détenue par des créanciers étrangers. Par là, nous sommes très exposés. Regardez ce qui s'est passé en Angleterre lorsque Liz Truss a voulu mettre en place une politique économique assez "exotique", il n'a pas fallu beaucoup de semaines pour que d'un seul coup tout soit remis en question.
"Nous restons vigilants comme les marchés. Et ce que nous voulons surtout, c'est que les fondamentaux restent intacts."
François Asselinsur franceinfo
C'est très important. Il faut que les entreprises soient dans un environnement qui leur permet l'envie de se développer, d'entreprendre.
Quelle que soit la couleur politique du prochain Parlement ?
Évidemment, il y a des principes de réalité auxquels personne n'échappera : cette dette abyssale de la France et notre balance commerciale qui est fortement déséquilibrée. C'est un poids de la fiscalité très important sur les entreprises, mais aussi sur les Français. Il faut garder intacte la politique de l'offre et faire en sorte que les entreprises puissent s'en sortir. C'est très important, c'est là où se crée la richesse. Et nous sommes très attachés à une valeur cardinale chez nous, c'est la valeur travail. Nous avons besoin d'être dans un pays qui incite les Français à travailler et à travailler plus.
Lundi, au moment de cette interview, vous êtes le seul syndicat patronal à avoir publié un communiqué. Le Medef et l'U2P ne l'ont pas fait. Comment analysez-vous leur silence ?
Chacun organise son syndicat comme il l'entend. Moi, je suis responsable de la CPME, aux autres de se positionner. Mais vous savez, on ne mettra pas beaucoup de temps à avoir une position, me semble-t-il commune.
Une position commune des trois syndicats patronaux ?
Oui, sur les fondamentaux que je viens de vous décrire, parce que nous sommes tous unis par ces fondamentaux, parce que c'est la réalité des entreprises et des entrepreneurs de ce pays. Nous avons besoin d'une politique de l'offre. Nous avons besoin de faire très attention à la fiscalité liée à l'activité économique des entreprises, nous sommes les plus ponctionnés d'Europe. Il faut garder intacte la compétitivité et surtout la développer. Et puis, nous avons surtout toute l'action publique qui est à réformer, voilà 3 100 milliards d'euros de dette. Je le répète, c'est là où nous avons besoin, de la part de l'exécutif d'aujourd'hui et de demain, d'une vraie stratégie. Sans ça, on ne pourra pas s'en sortir.
Vous avez parlé de la valeur travail. On sait que le gouvernement n'a pour l'instant pas publié le décret qui durcit les règles de l'assurance-chômage à partir du 1er décembre. Appelez-vous la signature de ce décret de vos vœux ce soir ?
Nous étions pour, de toute façon, la réforme de l'assurance-chômage telle que l'a prise le gouvernement. Pourquoi ? Parce que, bien évidemment, tout ce qui peut inciter nos compatriotes à retrouver le chemin du travail, le chemin de l'entreprise, il faut aller dans ce sens-là. Et quand vous parlez d'une règle qui se durcit, c'est vrai, mais par rapport à quoi ?
Avez-vous la certitude qu'il va être publié, ce décret ?
Je n'ai aucune certitude. Bien évidemment, nous prenons contact actuellement avec l'exécutif pour savoir, sur ces sujets-là, entre autres, ce que sera leur décision. Mais nous, nous appelons tout simplement l'exécutif à publier ce décret.
"Ce décret sur l'assurance-chômage est important, tout simplement parce que nous avons besoin d'avoir le plein-emploi dans notre pays et des mesures incitatives sont importantes."
François Asselinsur franceinfo
L'assurance-chômage est une des mesures incitatives. Ce n'est pas la seule. Il y a l'orientation et la formation professionnelle continue. Mais c'est un des moyens qui permet aux Français de retrouver rapidement le marché de l'emploi.
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