Pour Augustin Landier, professeur à HEC, un "dialogue de sourds s’est installé entre les économistes et la population"
Le chercheur publie, avec David Thesmar, un essai stimulant : "Le prix de nos valeurs, quand nos idéaux se heurtent à nos désirs matériels", chez Flammarion.
Le constat est clair : "Une sorte de dialogue de sourds s'est instauré entre les économistes et la population". Augustin Landier, professeur à HEC, publie avec David Thesmar, professeur au MIT, un essai sur la manière dont nos valeurs (la liberté, l'égalité, la solidarité, l'identité, etc.) interagissent avec les raisonnements purement économiques.
"La population met beaucoup de poids sur les questions de valeurs", observe-t-il : "Sur tous les grands sujets qui travaillent les campagnes électorales – le protectionnisme, le libre-échange, la mondialisation – les économistes ont des positions assez tranchées et assez dogmatiques, et ratent une partie de ce dont veulent parler les électeurs."
Quand les consommateurs font des "compromis"
Quand le consommateur fait ses courses, par exemple, "il est vraiment confronté à une espèce d'arbitrage, de compromis à trouver entre sa volonté de ne pas payer plus, et puis sa volonté d'être juste, d'être solidaire", en choisissant des produits qui préservent la planète ou la rémunération des producteurs.
Augustin Landier prend aussi l'exemple des péages envisagés à l'entrée des grandes agglomérations : "Les économistes sont très favorables à ce type de solution (…) La population, elle, est assez hostile à ce type de dispositif. Elle préfère la solution de restreindre l'accès, quitte à ce qu'il y ait des embouteillages. Voilà un exemple où la régulation par les prix est très rejetée par la population."
Prendre en compte les valeurs
Pour le professeur à HEC, les économistes doivent apprendre à "intégrer" ces valeurs, en "posant des questions aux gens". Le livre (Le prix de nos valeurs, Flammarion) propose d'ailleurs les résultats d'une vaste enquête sur plusieurs thèmes où des valeurs entrent en ligne de compte.
Cette démarche concerne aussi les politiques, selon lui, et les candidats à l'élection présidentielle : "Il faut arriver à instaurer un vrai débat, où on prend en compte les coûts purement économiques, en termes d'efficacité, et puis toutes les autres dimensions ayant trait aux valeurs, l'égalité, la liberté, l'identité, les valeurs culturelles, la protection de la nature…"
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