"Nous sommes en bonne voie de désinflation", affirme l'Insee
L'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publie jeudi 14 décembre sa note de conjoncture pour la fin de l'année 2023 et pour 2024. Nicolas Carnot, directeur des études et synthèses économiques à l'Insee, était l'invité éco de franceinfo pour détailler cette note.
franceinfo : Le ministre de l'Économie assurait en novembre que l'inflation était globalement vaincue. Elle est donc, en cette fin d'année, sur la voie de la désinflation ?
Nicolas Carnot : Oui, nous sommes en bonne voie de désinflation. C'est le titre de la note de conjoncture publiée aujourd'hui par l'Insee. Rappelons que nous venons en début d'année de 6% de rythme d'inflation. Nous sommes passé cet automne en dessous de 4% d'inflation pour l'ensemble des biens et services. Et dans notre prévision, qui court jusqu'à juin 2024, le taux d'inflation reviendrait aux alentours de 2,5%, c’est-à-dire qu'on reviendrait sur un rythme normal d'inflation à cet horizon-là.
Pour l'inflation alimentaire, là aussi, le recul continue ?
L'inflation alimentaire, qui avait atteint des niveaux très élevés, est déjà en train de diminuer. Je rappelle au passage que l'inflation diminue. Ça veut dire que les prix cessent d'augmenter rapidement, ça ne veut pas dire que le niveau des prix baisse. Mais pour l'inflation alimentaire, on est revenu aujourd'hui à un niveau élevé de 7% et dans notre prévision, ça continuerait à s'assagir. On reviendrait également vers des rythmes beaucoup plus modérés, de l'ordre de 2% en rythme annuel à l'horizon de juin prochain donc.
Le pouvoir d'achat des ménages va-t-il rebondir en cette fin d'année et en 2024 ?
Oui, le pouvoir d'achat va connaître un léger mieux à l'horizon des prochains mois. C'est lié en réalité à cette désinflation. Ça va redonner un petit peu de pouvoir d'achat aux salariés et aux Français en général. Pas de façon mirobolante, mais il y aura un léger mieux sur le pouvoir d'achat, même si du côté de la croissance et de l'activité, les nouvelles sont relativement mitigées à court terme.
Avez-vous revu vos prévisions de croissance pour 2023 ?
Les deux nouvelles de cette note, c'est la désinflation, on en a parlé, et le fait que la croissance, la phase conjoncturelle aujourd'hui, est celle d'une croissance modeste. Donc ce que nous voyons dans les enquêtes de conjoncture réalisées par l'Insee, c'est une activité plate. Actuellement, au quatrième trimestre, nous prévoyons une croissance nulle. Nous anticipons également un rebond modéré au premier semestre. Ça ira un petit peu mieux, notamment du fait de la désinflation, même si dans le même temps, l'effet des taux d'intérêt encore élevés va continuer à freiner un certain nombre de choses. Donc un rebond modéré au premier semestre, ça nous amène au total à fin juin 2024 à une croissance déjà acquise pour l'ensemble de l'année de l'ordre de 0,5%.
Autre chapitre : l'emploi. On a un taux de chômage à 7,4% au troisième trimestre, qu'est-ce qu'il va en advenir ?
Alors pour l'emploi, il faut rappeler que ça faisait partie des bonnes surprises de l'économie française ces dernières années. On a créé beaucoup d'emplois, plus d'un million depuis trois ans. Il y a un ralentissement, qui est naturel, avec le ralentissement de l'activité. Donc ce que nous prévoyons à l'Insee, dans cette note de conjoncture, c'est en gros une stabilité de l'emploi pour ce qui est de la phase actuelle et du premier trimestre 2024, il y aura une petite réaccélération au second trimestre. Une petite note d'espoir sur l'emploi. Donc un emploi stable, compte tenu du fait que la population active augmente un peu, ça veut dire que le taux de chômage va continuer à augmenter légèrement. Plus précisément, le taux de chômage, qui était descendu à un point bas de 7,1% en début d'année, et est déjà remonté à 7,4%, devrait remonter, selon nos prévisions, à 7,6% cet hiver avant de se stabiliser au printemps.
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