Martin Vial, directeur général de l’Agence des participations de l’Etat : "Nous allons faire évoluer notre doctrine d’investissement"
Présente au capital de 83 sociétés, la puissance publique tient à bout de bras les sociétés en difficulté, mais aussi, pour des raisons stratégiques, celles qui sont en bonne santé. Le directeur de l'Agence des participation de l'Etat, Martin Vial, dresse le bilan de l’exercice 2020.
Les privatisations d'Aéroports de Paris et d'Engie n'auront "sans doute pas" lieu avant l'élection présidentielle, a indiqué sur franceinfo mercredi 27 octobre Martin Vial, directeur de l’APE (Agence des participations de l’Etat). Par ailleurs, l'État va "continuer de soutenir le capital d'Air France-KLM", assure-t-il. "Pour l'instant, il n'y a pas de dossier d'actualité sur ces entreprises."
Le directeur de l’APE, qui gère le patrimoine financier de l'État au sein de 83 entreprises (pour un total d'environ 125 milliards d'euros d'actifs), est également revenu sur les performances de l'État actionnaire.
franceinfo : Quel impact la crise a-t-elle eu sur les entreprises dans lesquelles l’État est présent au capital ?
Martin Vial : Cette crise a eu un impact considérable en 2020 sur les entreprises du portefeuille en particulier parce que nous avons des entreprises dans le domaine des transports (Air France-KLM, la SNCF, Aéroports de Paris NDLR), dans le domaine de l’aéronautique avec Airbus ou Safran, et dans l’automobile avec Renault. Il faut bien réaliser qu’au printemps 2020, beaucoup de ces entreprises ont arrêté leur production. Cela ne s’était jamais produit dans leur histoire. Elles ont fait preuve d’une extraordinaire résilience, d’une grande adaptation, avec bien sûr le soutien massif de l’Etat. Aujourd’hui, parce qu’elles ont fait des restructurations, elles se retrouvent à un niveau de compétitivité qui est meilleur qu’il ne l’était au début de la crise.
L’Etat actionnaire a reçu en 2020 beaucoup moins de dividendes qu’avant la crise.
Les entreprises ne pouvaient pas distribuer de dividendes car leurs résultats s’étaient écroulés. D’autres entreprises ont préféré jouer la prudence. Au printemps 2020, on ne savait pas quelle serait la durée et l’ampleur de cette crise et elles se sont dit 'on ne va pas distribuer de dividendes, on veut garder cette trésorerie pour faire face à des lendemains difficiles'. Donc c’est la conjonction de ces deux phénomènes qui ont fait qu’en 2020 on a eu une chute des dividendes avec un total de 300 millions d’euros. Quand j’ai pris mes fonctions il y a six ans, l’État encaissait à peu près quatre milliards d’euros de dividendes par an.
L’État va-t-il continuer de soutenir Air France-KLM qui est en difficulté ?
Nous sommes actionnaires d’Air France-KLM et le resteront. Je dois dire que la gouvernance, les dirigeants de la compagnie ont fait un travail formidable d’adaptation de leur entreprise face à cette crise, et la restructuration qui est menée aujourd’hui chez Air France n’a pas de précédent. Le groupe va se retrouver parmi les meilleures compagnies aériennes une fois que la reprise du transport aérien se sera produite.
La crise va-t-elle vous pousser à modifier vos missions ?
Nous allons sans doute faire évoluer notre doctrine d’investissement car il y a les défis technologiques et environnementaux. Toutes les entreprises doivent faire face à cette transition qui sera massive.
Où en sont les dossiers de privatisation (ADP, Engie) suspendus à cause de la pandémie ?
Pour l’instant, il n’y a pas de dossiers d’actualité sur ces entreprises. La priorité pour Engie, ce que font très bien les dirigeants, c’est de recentrer leurs activités autour des infrastructures et de l’énergie renouvelable.
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