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"Les salaires ont suivi l'inflation", affirme le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire

Le METI publie un baromètre sur les conditions de financement des entreprises de taille intermédiaire. Leur délégué général, Alexandre Montay, était l'invité éco de franceinfo le vendredi 29 septembre pour évoquer leur santé.
Article rédigé par Camille Revel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Alexandre Montay, délégué général du METI, le mouvement des entreprises de taille intermédiaire (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Il y a 5 500 entreprises de taille intermédiaire (ETI) en France. Ce sont des entreprises de 250 à 5 000 salariés avec un chiffre d’affaires d'1,5 milliard d'euros maximums. Le METI, le mouvement des entreprises de taille intermédiaire, publie avec la banque Palatine son 10e baromètre du financement des ETI pour septembre, des audits réalisé auprès de 1200 entreprises. Alexandre Montay, délégué général du METI était l'invité éco de franceinfo.

franceinfo : Vous nous dites qu'après des débuts prometteurs, l'année risque de se terminer sur une note moins sereine. Pourquoi ?

Alexandre Montay : On sent un fléchissement de l'activité dans les entreprises de taille intermédiaire. Ce n'est pas spécifiquement français, c'est très lié à la conjoncture internationale la Chine, les États-Unis. Donc on a un ralentissement de l'activité qui est notable dans nos entreprises, qui sont par ailleurs confrontées à différents chocs. Un choc de coûts, on y reviendra sans doute au cours de cet entretien. Un choc de complexité aussi, parce qu'il faut voir ce qui arrive à l'échelle européenne, notamment autour des normes environnementales. Un choc et puis un mur d'investissements absolument colossal qui les attend pour s'engager dans la transformation environnementale.

Dans votre baromètre, près de quatre ETI sur dix jugent que leur situation s'est dégradée sur un an : choc de coûts, crise inflationniste, crise énergétique surtout ?

Crise énergétique, qui a beaucoup pesé dans la direction générale des entreprises, a sorti une étude très récente montrant que 36 % des entreprises françaises ont connu une baisse assez substantielle de leurs marges du fait de la crise énergétique. Et là, elle a pesé sur les entreprises de taille intermédiaire. D'ailleurs, nous avions travaillé avec le gouvernement pour faire en sorte qu'elles soient accompagnées, face à des multiples, par trois, par quatre de leurs coûts énergétiques. Donc ça a naturellement pesé. Et puis vous avez aussi l'inflation salariale puisque les entreprises de taille intermédiaire notamment, ont accompagné leurs salariés. Les salaires ont suivi l'inflation dans les entreprises de taille intermédiaire.

Il y a quand même 70 % des dirigeants des entreprises de taille intermédiaire qui sont confiants pour la fin de l'année. Les deux tiers qui attendent un chiffre d'affaires en hausse aussi. Tout ne va pas mal ?

Non, ce n'est pas de l'inquiétude que manifeste ce baromètre. C'est plutôt de la vigilance sur un certain nombre de signaux faibles qui, par la suite, peuvent devenir des signaux forts que l'on retrouve dans les études macroéconomiques. Le ralentissement de l'activité et surtout, un des points essentiels, c'est la rentabilité des entreprises qui nous intéresse beaucoup. Alors, le verre à moitié plein, c'est la résilience des entreprises de taille intermédiaire entreprises des territoires, entreprises généralement majoritairement familiales, ce qui fait qu'elles ne surréagissent pas aux crises. Après la fin de la crise on a constaté une accélération très forte de l'activité, des investissements, des carnets de commandes. Et c'est donc cette dynamique qui est engagée et qu'on constate aujourd'hui et qui permet à 70% de dirigeants d'être confiants.

Le budget 2024, qui vient d'être présenté par le gouvernement, prévoit, notamment, un crédit d'impôt pour l'investissement vert. Êtes-vous satisfait ?

Ça va naturellement dans le bon sens pour les entreprises qui se positionnent sur des technologies vertes. Mais l'enjeu majeur de cette transformation environnementale, qui est une véritable révolution industrielle, c'est de faire permuter l'ensemble des process de production des entreprises. Des entreprises qui ne sont pas uniquement des giga factories ou positionnées sur des technologies vertes, des entreprises qui produisent des matériaux, des biens industriels traditionnels. C'est à ces entreprises-là aussi qu'il faut penser.

Le budget 2024 prévoit aussi un report d'une partie de la baisse d'impôt de production, la suppression de la CVAE est finalement étalée. Est-ce que vous comprenez cette décision ?

On comprend, on comprend cette décision, mais on la regrette. Il faut distinguer ce qui est de l'ordre de la compétitivité à notre sens, de l'ordre de la réduction des déficits. On parlait tout à l'heure de l'effet de départ lancé ou de dynamique des ETI. La politique de compétitivité qu'a engagée le gouvernement ces dernières années, que ce soit avec la baisse de l'IS (Impot sur les sociétés) ou encore plus récemment avec la baisse de la fiscalité de production, a permis progressivement à la France de se mettre sur la voie d'un réalignement compétitif. Aujourd'hui, la France est en décalage par rapport à ses voisins européens. Il n'y a pas de miracle allemand, il n'y a pas de miracle autrichien. Il n'y a pas de miracle italien en matière d'industrie. Il y a simplement un déficit de compétitivité français par rapport à la moyenne européenne. Le gouvernement s'était engagé dans une trajectoire. Cette trajectoire a porté ses fruits et avec des résultats, et on regrette tout simplement que cette trajectoire ne soit pas poursuivie, qu'elle ne soit pas accélérée. Nous, on regarde de très près les chiffres comme vous. Rien que pour la transformation environnementale, sur ces dix prochaines années, c'est 26 milliards d'euros d'investissements supplémentaires qui vont concerner les PME de croissance et les ETI. C'est un mur d'investissements absolument colossal. Et donc, si la France est par trop en décalage par rapport à la moyenne européenne, elle ne pourra pas faire la course en tête. Pourtant, elle a l'ensemble des actifs pour le faire.

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