L'interview éco. "S’il n’y a pas de changement, Fessenheim fermera fin 2018", selon Jean-Bernard Lévy, PDG d'EDF
Jean-Bernard Lévy, PDG d'EDF, était l'invité de l'interview éco, mardi sur franceinfo, à la suite de la publication des résultats financiers du groupe.
Le groupe EDF a publié, mardi 14 février, ses résultats financiers de l'année 2016. Le bilan est mitigé, notamment à cause de l’arrêt de certains réacteurs, qui a coûté entre "500 millions d’euros et un milliard", selon le PDG du groupe, Jean-Bernard Lévy, invité de franceinfo mardi.
franceinfo : Après la publication des résultats, l’action d'EDF a baissé à la Bourse. Le bilan est mitigé. Les investisseurs se posent des questions, est-ce qu’ils ont raison ?
Jean-Bernard Lévy : Nous sommes en ligne avec ce que nous avions prévu. Nous avons vécu une année 2016 difficile. Elle nous a conduit à un résultat net courant, qui est peut-être la mesure la plus forte de la performance de l’entreprise, en baisse de 15%. Alors on peut voir le verre à moitié vide, moi je le vois aux trois quarts plein. Chaque année, EDF gagne de l’argent. EDF est une entreprise robuste qui, même par gros temps, résiste. Elle résiste aussi parce que les salariés sont très mobilisés.
Ces derniers mois vous avez dû arrêter des réacteurs notamment pour des contrôles de sûreté. Vous avez dû importer de l’électricité. Combien vous ont coûté ces arrêts ?
C’est difficile à dire. Cela représente certainement plusieurs centaines de millions d’euros. On pourra donner une fourchette entre 500 millions d’euros et un milliard, car il est très difficile de faire les comptes.
EDF va devoir investir massivement pour la maintenance des réacteurs, pour construire des réacteurs au Royaume-Uni, ou encore pour acheter une partie des activités d’Areva. Comment allez-vous faire face ?
Nous avons des investissements ambitieux. Dans les renouvelables, nous investissons en nouvelles capacités de production. C'est autant, et même un petit peu plus, que dans le nucléaire. Tout ceci nous amène à un programme d’investissements important. Pour ces investissements, nous faisons des économies. Nous vendons des actifs qui ne sont pas indispensables et nous renforçons nos fonds propres.
Un représentant de Greenpeace a déclaré sur franceinfo qu'EDF est prisonnière de ses projets nucléaires. Est-ce vrai ?
C’est inexact, comme beaucoup de choses que dit cette organisation. Je souligne qu’elle a le mot "paix" dans son nom, mais qu’elle n’est pas très pacifique. Elle intervient de façon violente dans un certain nombre de nos évènements. Nous avons un socle nucléaire. Cela nous permet d’être indépendants et de faire en sorte qu’un ménage français paye 40% de moins qu’un ménage belge, italien, suisse ou espagnol. À consommation identique, il payerait 85% de plus s’il était en Allemagne. Le nucléaire représente aussi des emplois qualifiés, des emplois industriels. C'est la troisième industrie de France, dans un pays qui s’est beaucoup désindustrialisé et qui a besoin d’emplois. Nous faisons du renouvelable, nous faisons du nucléaire, et c’est en équilibrant bien ces deux choses-là qu’EDF va continuer à se développer pour les Français.
En pleine campagne présidentielle, plusieurs candidats ont prévu dans leurs programmes une sortie progressive du nucléaire. Est-ce que cela vous inquiète ?
Nous sommes une entreprise. Nous défendons donc les intérêts de l’entreprise. Notre intérêt est garder un socle nucléaire important en France. Les pouvoirs publics sont le régulateur qui décide de la politique énergétique. C’est le politique qui décide, ce n’est pas EDF.
Quand la centrale de Fessenheim va-t-elle fermer ?
Dans la loi telle qu’elle a été votée par le Parlement en 2015, Fessenheim ne peut plus continuer à fonctionner à partir de l'ouverture de Flamanville. Depuis deux ans, nous avons réexaminé le calendrier de Flamanville. la centrale devrait être disponible à la fin de l’année prochaine. En résumé, telles que les lois sont, EDF applique la loi. S’il n’y a pas de changements, Fessenheim fermera à la fin 2018.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.