L'interview éco. R. Lebrun, directeur général de Fleury Michon : "Avec les grandes surfaces, rien n'a changé"
Régis Lebrun, le directeur général de Fleury Michon, était l'invité de l'interview éco mardi. Il a évoqué la guerre des prix avec les distributeurs, et l'étiquetage de ses produits.
Régis Lebrun, directeur général de Fleury Michon, était l'invité de l'interview éco mercredi 8 mars. Un an auparavant, sur France Info, il avait pris l'engagement d'indiquer l’origine des matières premières sur tous ses produits.
Régis Lebrun a indiqué avoir tenu cette promesse même si ce "n'est pas suffisant", a-t-il déclaré. "Nous allons aller plus loin car le consommateur veut savoir d'où ça vient, où ça a été fabriqué, comment ça a été fabriqué, ce qu'il y a dedans".
franceinfo : Les négociations annuelles de la grande distribution viennent de s'achever. Vos jambons, vos produits vont-ils être vendus plus ou moins chers ?
Régis Lebrun : Sur les prix de vente aux consommateurs je ne le sais pas, puisqu'ils sont librement fixés par chacun des magasins. Ce que je peux dire, c'est que ces négociations ont été compliquées. Elles se sont déroulées dans un climat de fortes tensions. Nous sommes au bout d'un système, dans une consommation qui n'évolue pas, où chacun essaie de préserver ses marges.
Qu'avez-vous demandé cette année, et qu'avec-vous obtenu ?
Le jambon a augmenté de 22% entre janvier 2016 et janvier 2017. Nous avons demandé la répercussion de cette hausse. Malheureusement, nous ne l'avons pas obtenue, car les enseignes de la grande distribution sont dans une bagarre féroce pour les parts de marché et elles demandent des baisses de prix.
Vous vendez donc vos produits moins chers que l'an dernier ?
Depuis le début de la guerre des prix en 2009, nous vendons nos produits moins chers. Et la déflation continue.
Quel conséquence pour les producteurs au bout de la chaine ?
Le cours du porc a remonté depuis l'été 2015. Aujourd'hui, il est au plus haut donc momentanément, les producteurs de porcs sont mieux rémunérés. Mais il faut regarder dans la durée. La tension de ces négociations montre bien que les marchés en volume n'ont pas augmenté. Nous voyons la détresse des producteurs, l'affaiblissement de l'industrie agroalimentaire, mais également de la distribution. Le système est perdant pour tout le monde.
Le consommateur est-il prêt à payer plus cher ?
Oui mais il faut lui expliquer pourquoi les produits sont plus chers. Faire de la qualité coûte plus cher. S'assurer de la traçabilité coûte plus cher. Financer la transformation de l'agriculture - si on veut moins de pesticides, moins d'antibiotiques, ou plus du tout - coûte plus cher. Le consommateur est déjà rentré dans une forme de sobriété de la consommation. L'avenir est certainement d'avoir peut-être un peu moins de produits dans le caddie, mais des produits de meilleure qualité, et donc un peu plus chers.
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