L'interview éco. "Il faut se préparer à une crise financière. 2008 n'était qu'un avertissement"
Jean-Michel Naulot, ancien banquier et membre de l'Autorité des marchés financiers, était l'invité de Jean Leymarie, jeudi sur franceinfo, à l'occasion de la publication de son livre "Éviter l’effondrement".
On pensait en avoir terminé avec la crise financière des années 2000. Celle des "subprimes" provoquée par des prêts immobiliers accordés à des ménages américains aux revenus incertains. "Il faut se préparer à une crise financière. 2008 n'était qu'un avertissement", a estimé, jeudi 19 janvier sur franceinfo, Jean-Michel Naulot, ancien membre de l'Autorité des marchés financiers. L'ex-banquier pointe du doigt la responsabilité des dirigeants et leur immobilisme face aux marchés financiers dans son livre Éviter l'effondrement.
Selon vous, les conditions sont réunies pour qu'une nouvelle crise financière éclate. Pourquoi êtes-vous si alarmiste ?
Jean-Michel Naulot : La situation s'est détériorée depuis 2-3 ans. Dans un premier temps, la Banque centrale américaine (Fed) a tardé à augmenter ses taux d'intérêt. À cela s'ajoute, la politique de la Banque centrale européenne (BCE). La réforme des marchés financiers s'est faite à la marge. En toile de fond, il y a une croissance mondiale qui ralentit et une dette mondiale publique et privée qui est à un niveau historique. La dette mondiale publique a augmenté de moitié depuis 2000 et la tendance s'aggrave.
La crise dont vous parlez, serait-elle pire que celle de 2008 ?
2008, c'était un avertissement. Les politiques n'ont pas réagi. Les leçons de 2008 n'ont pas été tirées. Les dirigeants politiques tiennent un double discours. Je ne suis pas "Madame Soleil", mais tous les ingrédients sont réunis pour une nouvelle crise. Il ne faut pas oublier que les gouvernements sont dépendants des marchés.
Cela signifie-t-il que vous voulez sortir de la zone euro ?
Non. Il faut réformer cette zone euro. Je propose de revenir aux années 1999-2002. L'euro était utilisé pour les transactions extérieures. Sur le plan national, la monnaie nationale restait en vigueur. Il faut réformer les mécanismes monétaires.
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