Julien Pouget (Insee) : "c’est la première fois depuis un an que l'inflation descend en-dessous de son plateau qui était autour de 6%"
L’inflation confirme son ralentissement en mai. La hausse des prix s’inscrit à 5,1% sur un an alors qu’en en avril, l’inflation approchait les 6%. Ce repli est-il durable et quelles conséquences sur notre pouvoir d’achat ? Quid de l’emploi et de la croissance dans les prochains mois ? L’Insee vient de publier sa dernière note de conjoncture. Julien Pouget, chef du département conjoncture, était l’invité éco de franceinfo, jeudi 15 juin.
franceinfo : Comment expliquer la trajectoire d’inflation au mois de mai, en repli par rapport à avril ?
Julien Pouget : Les prix ne baissent pas, ou alors très légèrement pour certains d’entre eux. C’est l’inflation qui baisse, c’est-à-dire le glissement annuel des prix, leur évolution un mois donné par rapport à la même période de l’année précédente. Donc, effectivement, cette inflation a baissé… C’est la première fois depuis un an qu’elle descend en dessous de son plateau qui était autour de 6%.
Quels secteurs bénéficient principalement de ce repli de l’inflation ?
A ce stade, cela concerne surtout l’énergie. Pourquoi l’énergie ? Il y a un an, printemps 2022, le déclenchement de la guerre en Ukraine, les cours du pétrole, de l’électricité, du gaz, ont bondi. Un an après, les cours ont nettement reflué et cet effet tire à la baisse le glissement annuel des prix » (NDLR : l’inflation dans l’agroalimentaire reste élevée à 14,1%).
Ce mouvement est-il durable ? A-t-on atteint le pic d’inflation ?
L’inflation, c’est la vitesse d’augmentation des prix. Ce à quoi on assiste, ce sont des prix qui augmentent moins vite. Certains prix ont baissé par rapport à il y a un an (…) mais certains continuent d’augmenter. Mais nous avons des signes avant-coureurs. Les cours des matières premières agricoles ont pour la plupart assez nettement reculé (…). A un moment, tout cela doit se traduire sur les prix à la consommation. Sauf que cette transmission est loin d’être immédiate. Il y a parfois plusieurs mois, voire plusieurs trimestres de décalage.
Pourquoi la France s’en sort mieux que certains de ses voisins européens, dont l’Allemagne ?
C’est vrai que la France a mis très tôt en place des boucliers tarifaires pour tempérer la hausse des prix de l’énergie. Après, s’y ajoute des dynamiques propres à chaque pays concernant l’alimentation ou les produits manufacturés. Si on regarde avec un peu de perspective, sur trois ans, ou en est aujourd’hui l’indice des prix par rapport à 2019, en France et en Espagne, on est à peu près 15% au-dessus. Par contre, en Allemagne, en Italie, ou aux Etats-Unis, on est 20 points au-dessus.
Quelles sont vos prévisions de croissance ?
La croissance dépend de plusieurs facteurs, dont la demande, la consommation des ménages. Et par temps de grosse inflation, cette consommation est relativement bridée, car le pouvoir d’achat est peu dynamique. Nous prévoyons donc pour la France une croissance à petite vitesse de l’ordre de 0,1 à 0,2% de croissance du PIB par trimestre. Ce qui donnerait, sur l’ensemble de l’année, une croissance 2023 de 0,6%. Cela reste une croissance modeste mais positive.
Quelles sont vos prévisions pour l’emploi ?
Ce qui ne se dément pas depuis plusieurs trimestres, c’est la bonne dynamique de l’emploi. Nous sommes souvent surpris à la hausse par rapport aux prévisions. Pour les prochains trimestres, nous prévoyons tout de même un ralentissement sur fond d’activité économique en relativement faible croissance ; et un taux de chômage qui resterait stable à 7,1% de la population active.
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