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Jean-Luc Petithuguenin (Paprec) : Avec le FN, "la sortie de l’euro, ce serait 100 millions de dette pour notre entreprise"

Jean-Luc Petithuguin, président de Paprec était l'invité de l'interview éco. Il est revenu sur sa lettre envoyée à tous ses salariés, dans laquelle il les met en garde contre un vote pour Marine Le Pen à la présidentielle. 

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
 Jean-Luc Petithuguin est le président de Paprec, spécialiste du recyclage des déchets. (RADIO FRANCE)

Un patron s'engage contre le Front national. Dans une lettre adressée à ses salariés, Jean-Luc Petithuguin, président de Paprec, spécialiste du recyclage des déchets, les met en garde contre le programme de Marine Le Pen et tout spécialement son projet de revenir au franc. Si la France abandonnait l'euro, ce serait "100 millions de dette en plus" pour Paprec selon Jean-Luc Petithuguenin.

franceinfo : S’engager contre le Front National, est-ce que c’est votre rôle ?

Jean-Luc Petithuguenin : Je me suis interrogé, j’ai aussi interrogé mon comité exécutif. Je suis arrivé à la conclusion que oui, c’est légitime, parce que j’ai envie de dire des choses à mes salariés, leur montrer le risque du programme [de Marine Le Pen, ndlr], le risque de la sortie de l’euro. Je n’ai pas envie de me retrouver avec des gens qui me diraient : "Pourquoi vous ne nous l’avez pas dit avant ?" La dernière fois que j’ai écrit à tous mes salariés c’était lors de la crise de 2009. Je leur avais dit à tous : "N’ayez pas peur, l’engagement que je prends avec vous est simple, licencier des gens est la dernière mesure que je prendrai". J’ai traversé la crise sans licencier personne. Avec ce courrier, j’ai été confronté à des réactions très agressives. Je me fais insulter tous les jours sur les réseaux sociaux. Mais il y a un certain nombre de gens qui apprécient et un certain nombre encore qui s’interrogent, me demandant si je suis légitime à parler.

De quoi avez-vous peur ?

Je vais vous donner un exemple concret : j’ai investi en France un milliard d’euros dans les usines. Je dois 500 millions. Cette dette, je l’ai souscrite en euros et les financiers ne m’autoriseront pas la rembourser en francs. Donc si demain on passe de l’euro au franc, en me faisant croire en plus que c’est formidable pour moi, c’est 100 millions de dette en plus pour mon entreprise. Ce sont des mathématiques, avec le franc on dévalue de 20%.

N’êtes-vous pas en train de vous faire peur à peu de frais ?

Non. Je crois qu’à partir du moment où on envisage sérieusement que Marine Le Pen pourrait être au second tour, il y a un vrai sujet. Je ne sais pas si je dois avertir tous les Français mais je dois au moins avertir mes salariés. Dans ma lettre, je leur dis "votez ce que vous voulez mais en tant que patron, je me sens un droit, celui de vous dire les conséquences pour votre entreprise". Parce que si demain les taux d’intérêt montent, que l’on a plus de dette, alors forcément ce sera moins de croissance.

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