Cet article date de plus de sept ans.

Jean-David Chamboredon (France Digitale) : "Nous proposons une branche expérimentale pour les startups"

Jean-David Chamboredon, coprésident de France Digitale, était l'invité de l'interview éco vendredi. Il a avoué avoir "un peu du mal à voir comment les ordonnances vont s’appliquer pratiquement pour les startups."

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Jean-David Chamboredon est le coprésident de France Digitale. (RADIO FRANCE)

Emmanuel Macron a signé vendredi 22 septembre les ordonnances réformant le Code du Travail. Jean-David Chamboredon, co-président de France Digitale, invité de l’interview éco de franceinfo a réagi à la signature de ces actes. "On a du mal un peu à voir comment les ordonnances vont s’appliquer pratiquement pour les startups", a lancé le coprésident de France Digitale. Il réclame notamment la création d'une "branche expérimentale" pour les startups.

franceinfo : Emmanuel Macron s’est toujours présenté comme l’ami des start-up. Vous aide-t-il depuis qu’il est à l’Élysée ?

Jean-David Chamboredon : J’ai l’impression qu’il est occupé avec la France entière et qu’on est devenu pour lui un petit souci. Quand il était ministre de l’Économie, il a vraiment passé beaucoup de temps avec l’écosystème des startups, il était très intéressé par l’innovation. On sent que, comme président de la République, il est vraiment dans une logique où il veut mener de grandes réformes qui concernent la France entière, et on n’est pas forcément en haut de son agenda.

Premier grand chantier : le droit du travail. Ces premières mesures vous conviennent-elles ?

On a un peu du mal à voir comment les ordonnances vont s’appliquer pratiquement pour les startups. On voit qu’il y a beaucoup de choses qui sont restées au niveau de la branche, alors que les startups appartiennent à différentes branches en fonction de leurs activités. Donc elles vont se retrouver un peu à attendre que les branches modernisent un certain nombre de choses, on est un peu inquiet de ça. On a donc proposé au gouvernement une branche expérimentale dans laquelle seraient adhérentes un certain nombre de startups avec des gens qui ont les mêmes problèmes. Toutes ces particularités qui font l’écosystème des startups méritent peut-être des expérimentations de type branche expérimentale.

Voulez-vous un droit du travail différent ?

Non, mais la loi Travail autorise finalement –sur des sujets comme la rémunération, le temps de travail, etc.- des négociations d’entreprise ou de branche. Peut-être qu’avec une branche des startups, on pourrait faire avancer les choses. Par exemple, dans la plupart des branches, les préavis sont de trois mois pour les cadres : dans les startups, trois mois c’est long. Pourquoi ne pas expérimenter dans une branche des startups des préavis plus courts ?

Que vous répond le gouvernement sur ces propositions ?

La tendance générale est plutôt à la diminution du nombre de branches, donc forcément ça ne nous plaît pas. Mais je pense que le concept d’expérimentation est quand même au cœur de la démarche du gouvernement, donc il n’est pas impossible que nous arrivions à nos fins.

La semaine prochaine le gouvernement va présenter son projet de budget pour 2018. La fiscalité sur le patrimoine va être énormément allégée. Vos entreprises vont-elles en profiter ?

La fiscalité sur le capital augmente de façon inconsidérée. Les startups qui ont besoin de capital pour se développer ne vont plus trouver les investisseurs pour investir, notamment au début de la vie des entreprises. Ce qu’on peut dire du projet de loi de finance 2018, c’est qu’avec la transformation de l’ISF, on redevient un pays normal du point de vue fiscal. On ressemble à nouveau à d’autres pays avec une fiscalité qui est globalement simple et qui va donner un signal de confiance important à la fois aux entrepreneurs et aux investisseurs. Alors il y a forcément des bémols, mais globalement la direction est bonne et normalise la France.

Sur l’ISF, l’État renonce à trois milliards d’euros par an, c’est beaucoup. Cet argent va-t-il effectivement aller dans le financement de l’économie ?

Ce qui est certain, c’est qu’on va avoir moins d’entrepreneurs qui vont quitter la France à cause de cet impôt unique, puisqu’on est le seul pays à avoir cet impôt sur l’ensemble du patrimoine. On va voir des gens qui avaient quitté le pays, revenir. On commence déjà à voir des gens qui nous disent ‘le président Macron a été élu, je reviens’. Un certain nombre de gens vont pouvoir investir plus qu’ils ne faisaient avant.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.