Jacques Chanut (FFB) : "Le prêt à taux zéro aide les jeunes"
Invité de l'Interview éco de franceinfo, jeudi, Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment, a évoqué la construction et le prix des logements en France.
Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), était l'invité de l'Interview éco de franceinfo, jeudi 5 octobre, alors qu'Emmanuel Macron participe vendredi aux 24 heures du bâtiment, le congrès de la FFB. Il estime qu'il faudrait construire "500 000 logements par an pendant 10 ans", pour rattraper le manque de logements neufs en France.
franceinfo : Emmanuel Macron vous demande de construire davantage dans l'idée de faire baisser les prix, est-ce que ça marche ?
Jacques Chanut : Oui, ça marche. Dans les secteurs où il manque du logement, il y a forcément des tensions sur les prix. L'idée est d'agrandir le marché sur ce secteur pour permettre aux prix, donc aux loyers, de baisser. Depuis des années, on construisait beaucoup moins. Si on construit autant c'est pour essayer de rattraper un retard. Pour essayer de rattraper le manque de logements neufs en France, qui est d'à peu près un million, on estime qu'il faudrait qu'on construise 500 000 logements par an pendant 10 ans.
Demain (vendredi), le président va participer à votre congrès, que lui demandez-vous ?
On lui demande de nous redonner un peu de confiance en l'avenir et d'essayer de comprendre pourquoi, ces derniers mois, cette petite musique autour de l'immobilier et du logement est au centre de propos pas toujours plaisants. Par exemple, essayer de comprendre pourquoi le prêt à taux zéro, qui aide à financer ces jeunes qui veulent acheter pour la première fois, est annoncé comme supprimé dans 90% du territoire. Le Pinel, c'est de l'investissement locatif et il nous paraît logique de le recentrer là où il y a besoin de logements locatifs, plutôt dans les zones qu'on appelle 'tendues' : les grandes villes. Mais le prêt à taux zéro, ce n'est pas un effet d'aubaine. Il s'agit d'aider les jeunes qui veulent acheter ou construire leur maison ou leur appartement. Le prêt à taux zéro, quelque part, remplace l'apport. Or les jeunes ont rarement un apport, qu'ils habitent Guéret ou Marseille. Il n'y a pas de logique, me semble-t-il, à territorialiser le prêt à taux zéro. Le pouvoir d'achat n'est pas le même à Guéret qu'à Marseille.
Même pour faire des économies ?
On n'est plus dans la politique du logement. On est dans une politique budgétaire. Mais il faut l'assumer. Il y a une recherche d'économies qui est tout à fait louable. Il ne faut pas parler de fracture territoriale, de lutte contre cette fracture territoriale - et les dernières élections politiques ont prouvé qu'il y avait bien un sentiment d'abandon dans un certain nombre de territoires - et dans le même temps dire, pour les jeunes qui veulent habiter, travailler dans ces territoires, que rien n'est fait pour les accompagner. C'est un message que nous répétons depuis un certain nombre de jours et j'ai le sentiment qu'il commence à être entendu (...) J'espère que cela peut se traduire dans des annonces, des décisions dans les semaines à venir.
Vous avez protesté contre la réduction des APL et la baisse des moyens des organismes HLM, pourquoi ?
Le monde HLM représente 12% de notre chiffre d'affaires. Il faut comprendre que l'Etat cherche à comprimer un certain nombre d'aides, surtout quand il estime qu'elles ne sont pas utilisées à bon escient. La méthode retenue sur les APL ne nous semble pas la bonne, parce qu'elle est injuste. Comme elle est généralisée quel que soit l'état financier des organismes HLM ou des entreprises sociales pour l'habitat, c'est la même sanction pour tout le monde.
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