Georges Ugeux, ancien vice-président de la bourse de New York, redoute un "tsunami financier"
Pour ce spécialiste de la finance, le système est devenu si fragile qu'une crise majeure sera difficile à éviter.
Georges Ugeux est un des meilleurs observateurs de la finance mondiale. Ancien vice-président de la Bourse de New York, aujourd’hui à la tête d’une petite banque d’affaires, il critique régulièrement les dérives du système. Il publie aujourd’hui un livre au titre alarmant : La descente aux enfers de la finance (Odile Jacob).
Pour lui, une nouvelle crise financière est plus que probable. Elle ressemblera à un "tsnunami" : "La crise, telle que je la vois venir, est le résultat d’un endettement mondial et particulièrement de l’endettement des gouvernements : celui-ci a doublé au cours des dix dernières années et nous nous trouvons devant des montants colossaux. Par exemple, pour l’Europe, c’est 10 000 milliards. Face à ces montants, on n’a aucun rempart possible".
L'ensemble de la planète financière est extraordinairement fragilisée. Le grain de sable peut venir de partout.
Georges Ugeux, ancien vice-président de la bourse de New Yorksur franceinfo
D’où viendra le problème ? Impossible à dire : "ll peut venir de l’Italie, il peut venir de la Chine mais il peut aussi venir de l’économie réelle, d’une grosse faillite ou d’une situation militaire compliquée".
En Europe, c’est bien l’Italie qui inquiète le plus Georges Ugeux. Et derrière elle, la France. L’ancien vice-président de la bourse de New York aimerait voir baisser la dépense publique : "Le secteur public français représente 56% du produit intérieur brut. C’est beaucoup plus que tous les pays voisins. Il est tout doucement temps que la France transforme sa politique économique. Des centaines de milliards d’emprunts sont dûs à des participations dans des entreprises" , pas toutes justifiées, selon Georges Ugeux.
Les "gilets jaunes" réclament plus de justice fiscale et sociale. Est-ce bien le moment de tailler dans les dépenses publiques ? Pour Georges Ugeux, cette justice fiscale est indispensable. Le banquier blâme la réforme de l’ISF, "une erreur, un cadeau aux riches", même s’il estime que l’ISF était un "mauvais impôt".
La responsabilité des banques centrales
L’ancien vice-président de la bourse de New York critique les banques centrales, qui ont multiplié les mesures non conventionnelles, pour soutenir l’économie, et éviter une crise majeure. Pour lui, en sortant de leur rôle, elles ont "vendu leur âme au diable", et aggravé la situation. Elles ne peuvent plus servir de recours : avoir "continué à faire tourner la planche à billets donne un résultat médiocre : il n’y a pas de croissance de l’emploi, ni de l’économie, ni de l’investissement. Ça rend la Banque centrale européenne, ou la Réserve fédérale américaine, ou la Banque centrale du Japon, qui est encore pire, moins capables d’intervenir. Elles étaient en dehors du système pendant la crise de 2008. Maintenant elles sont dans le système".
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