Geoffroy Roux de Bezieux, Medef, "Si on surtaxe les CDD, l’activité partira au noir"
Le vice-président du Medef, Geoffroy Roux de Bezieux, a assuré vendredi sur franceinfo qu'à propos de la réforme de l'assurance chômage, le "vrai sujet" est "la dette accumulée, on n'est pas loin de 36 milliards".
Pour le vice-président du Medef, Geoffroy Roux de Bezieux "le vrai sujet de l'assurance chômage est dans la dette accumulée, on n'est pas loin de 36 milliards, comment on résout ça ?", s'est-il interrogé vendredi 2 mars sur franceinfo. La ministre du Travail a promis dans un entretien au Parisien de ne pas recourir aux ordonnances pour la réforme de l'assurance chômage et que les mesures retenues suivront dans leurs grandes lignes les termes de l'accord conclu le 22 février par les partenaires sociaux dans ce domaine. Geoffroy Roux de Bezieux, qui brigue également le mandat de président de l'organisation patronale, a estimé par ailleurs que sur la question des contrats courts que le "vrai sujet c'est la structure du contrat de travail" et que surtaxer les CDD "ça ne marche pas", ajoutant que "si on surtaxe le CDD l'activité partira au noir".
franceinfo : Emmanuel Macron avait promis une grande réforme de l'Assurance chômage. Le compte y est-il ?
Geoffroy Roux de Bezieux : On ne sait pas encore ce qui va être annoncé en détail. Les partenaires sociaux ont signé un accord a minima puisqu'on avait un laps de temps très court et un certain nombre d'objectifs fixés. Ce qui est clair, c'est qu'il y a deux mesures, sur les démissionnaires et les indépendants. Est-ce que ça va changer la face des choses ? Non.
Cette possibilité de démissionner tous les 5 ans quand on veut changer de vie professionnelle, avec des conditions très strictes, va-t-elle assez loin ?
Ça va concerner quelques dizaines de personnes par an. Le vrai sujet de l'assurance chômage n'est pas là. Il est dans la dette accumulée, on n'est pas loin de 36 milliards, comment on résout ça ? Il y a une partie qui va se résorber grâce à la reprise mais ça ne résout pas tout. En fait il y a une tromperie de fond dans ce régime d'assurance chômage, c'est que les partenaires sociaux sont censés le gérer en autonomie mais ils ont la garantie de l'État, donc depuis 2008 on laisse le déficit courir parce que l'on n'arrive pas à se mettre d'accord. Il y a deux solutions, soit l'État reprend la main, soit il enlève la garantie. Dans les deux cas, il y aura une décision responsable sur cette dette qui n'en finit pas de croître. C'est à l'État de décider, mais il faut que l'on sorte de cette ambiguïté.
Au sujet des fameux contrats courts, avec + 140% de contrats de moins d'un mois entre 2000 et 2014, le gouvernement vous donne jusqu'à la fin de l'année pour trouver des solutions. Allez-vous enfin le faire ?
Je ne nie pas ce chiffre. Mais pourquoi ? Parce que quand vous commandez pour le Black Friday vous voulez que ça soit livré dans 24h, quand vous allez au restaurant le samedi ou le vendredi, vous n'y allez pas le lundi soir. C'est l'économie qui est devenue à la demande et un patron qui a de l'activité pendant le week-end, il doit avoir un système de contrats qui permet de répondre à ça. Or, aujourd'hui on a le choix entre un système très inflexible qui est le CDI et un système très flexible qui est le CDD. C'est ça qui a fait le développement du CDD. D'ailleurs on a essayé de le taxer, il est déjà surtaxé, et en fait ça n'a pas enrayé le phénomène donc il faut réfléchir à nouveau au contrat de travail et la mauvaise solution c'est de taxer.
Le gouvernement vous demande des propositions, qu'allez-vous faire ?
On va négocier mais ce qui est clair c'est que la mauvaise solution c'est celle qui était préconisée dans le programme présidentiel, qui était de taxer. Ça a déjà été essayé, ça ne marche pas. Le CDD est déjà surtaxé, si on surtaxe le CDD l'activité partira au noir. Si le prix est prohibitif, les gens seront employés différemment. Le vrai sujet c'est la structure du contrat de travail.
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