Gaz, électricité : "Il n’y a pas de repas gratuit dans le monde de l’énergie", selon Matthieu Auzanneau, directeur de The Shift Project
Le spécialiste de l'énergie et du climat estime que les prix du gaz et de l'électricité, à long terme, devraient continuer à augmenter.
Les prix de l’énergie peuvent-ils baisser ? En Europe, c’est une des questions brûlantes de la rentrée, alors que les prix du gaz flambent depuis plusieurs mois. Invité éco de franceinfo lundi 4 octobre, Matthieu Auzanneau, directeur du Shift Project, groupe de réflexion spécialiste de l'énergie et du climat, estime qu’une accalmie est probable au printemps prochain, mais que la hausse est bien la tendance générale.
"Sur le long terme, en tendance, il n’y a pas de raison que les prix de l’énergie fassent autre chose que grimper gentiment… ou pas gentiment du tout."
Matthieu Auzanneau, directeur du Shift Projectsur franceinfo
Le spécialiste rappelle les objectifs des accords de Paris, et l’urgence climatique. Il voit la demande de gaz - et les prix - augmenter, car cette source d’énergie est moins émettrice de CO2 que le pétrole et le charbon. "On n’est pas en train de sortir des énergies fossiles", explique-t-il : "Pour le gaz, la demande augmente, car on considère que le gaz est un moindre mal sur le chemin de la transition". "Les énergies renouvelables, vent et soleil, constate-t-il, ne sont pas tout le temps disponibles".
Le nucléaire, au service du climat ?
Pour freiner la flambée des prix de l’énergie (le gaz, mais aussi l’électricité dans le sillage du gaz), la France interpelle ses partenaires européens et défend son modèle énergétique, toujours fondé sur l’énergie nucléaire, qui fournit 70% de l’électricité produite en France. Le président de la République devrait y insister, en présentant son nouveau plan d’investissement, mardi 12 octobre.
Selon Matthieu Auzanneau, l’énergie nucléaire, à elle seule, ne fera pas baisser les prix : "Toutes les alternatives aux énergies fossiles - charbon, gaz - pour faire de l’électricité sont plus compliquées, donc plus chères. À ce titre-là, éolien, solaire et nucléaire sont logés à peu près à la même enseigne", explique-t-il.
Mais pour The Shift Project, qui travaille notamment avec EDF, un de ses financeurs, l'énergie nucléaire est nécessaire, à côté des énergies renouvelables, pour atteindre les objectifs climatiques. Selon Matthieu Auzanneau, "il est très difficile d’imaginer boucler l’équation de la sortie des énergies fossiles en faisant une croix sur le nucléaire."
Matthieu Auzanneau vient de publier, avec Hortense Chauvin, Pétrole, le déclin est proche aux éditions du Seuil.
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