François Chopard, fondateur de Starburst Accelerator : les taxis volants sont "le futur de l’automobile"
François Chopard, le fondateur de Starburst Accelerator, était l'invité de "L'interview éco" sur franceinfo vendredi 15 juin.
"Tout est prêt pour que ça puisse voler au-dessus de nos têtes dans les années qui viennent", a annoncé vendredi 15 juin sur franceinfo François Chopard, le fondateur de Starburst Accelerator, le plus grand incubateur mondial de start-up dans le domaine aéronautique. Selon lui, "la technologie est prête", et que l'on fait fasse à une accélération de projets autour des taxis volants, pour certains déjà en expérimentation dans certains pays.
franceinfo : Est-ce que la technologie du taxi volant est au point ?
François Chopard : La technologie est prête, tous les éléments, que ça soit les batteries, les systèmes de navigation, les moteurs électriques, le GPS, le pilote automatique… Tout est prêt pour que ça puisse voler au-dessus de nos têtes dans les années qui viennent. On va retrouver différents concepts : cela peut ressembler à un hélicoptère électrique. Au lieu d’avoir deux énormes pales, on va retrouver plein de petits moteurs et plein de petites hélices. Puis on va aussi retrouver des véhicules beaucoup plus futuristes comme on peut s’en souvenir dans le film Le Cinquième Element, de Luc Besson, avec des véhicules à décollage vertical qui transitionnent pour voler comme des avions et qui atterrissent comme des hélicoptères.
Quel est l’usage de ces taxis volants ?
On peut voir cela comme un déploiement par étapes. C’est vrai qu’à terme, le rêve de tout le monde, c’est de pouvoir partir de son jardin, de sa place de parking, du toit de sa maison, et puis aller se poser sur le toit du bureau. À court terme, on va plutôt le voir comme une extension de l’hélicoptère. On va utiliser les héliports, hélipads déjà existants. La ville la plus avancée, c’est Sao Paulo, qui a la deuxième plus grande concentration d’hélicoptères, avec un parc de plus de 400 hélicoptères. On a le droit de survoler la ville avec des hélicoptères à un seul moteur, et il y a des bases d’hélicoptères quasiment sur les toits de tous les gratte-ciels. On retrouve déjà quelques expérimentations. Airbus a une filiale qui s’appelle Voom, qui est déjà présente et qui teste les liaisons, mais on va retrouver aussi d’autres startups avec des projets à Manille ou à Bangkok, pour justement utiliser les hélicoptères existants les moins chers possibles pour tester ces nouveaux services.
Parle-t-on d’engins avec pilote ou sans pilote ?
Dans un premier temps, on va simplifier les problématiques. Dans les cinq à dix années qui viennent, on restera avec un pilote sur des véhicules aujourd’hui qui ne sont pas certifiables en l’état. Les véhicules électriques volants viennent tout juste d’être certifiés aux États-Unis. Là, on est sur des véhicules intermédiaires entre un avion et un hélicoptère, et donc il faut adapter la certification, et donc il y a cette première étape avec un pilote.
Y a-t-il un marché pour ces appareils ?
Par le passé, ces appareils s’identifiaient à l’aviation légère, et on sait que ce marché est déclinant, il y a de moins en moins de pilotes privés. Depuis 5 ans, depuis que l’entreprise Uber s’y intéresse, il y a tout un nouveau business model qui s’est développé, et on estime que c’est un marché à plusieurs milliards de dollars par an. Depuis un an, on est en train de se rendre compte que c’est potentiellement le futur de l’automobile, et donc on ne parle plus d’un marché de quelques milliards, mais d’un marché de quelques trilliards d’euros. Dès l’instant où on affiche tous ces zéros, on va retrouver des investisseurs qui n’ont plus peur d’investir cent, deux cent, trois cent millions d’euros pour faire émerger ces véhicules.
Aujourd’hui on a les grands groupes, comme Airbus, Boeing, Ambraer, Bell Helicopter : les acteurs classiques, mais pas ceux qui vont les plus vite. On a quatre grosses startups ont levé chacune d'elle plus de 100 millions de dollards. C’est elles qui vont les plus vite. VoloCopter a déjà l’autorisation de voler en Allemagne, ils testent déjà leurs véhicules, avec ou sans pilote. Dubaï a déjà annoncé qu'ils feraient des tests avec Volocopter. On a plus de 80 startups qui se sont déclarés et qui poussent un projet.
Il y aura l’opérateur du service, il y aura des opérateurs immobiliers qui vont installer des stations de recharge, ceux qui ont fabriqué ces véhicules. Il y a des chances que dans les dix, quinze prochaines années, on retrouve une multitude d’acteurs. Je ne suis pas sûr qu’il y ait un acteur qui émerge, mais je pense qu’on va de plus en plus s’approcher du monde automobile avec des dizaines d’acteurs et un nouveau mode de transport.
Regardez l'intégralité de l'entretien de François Chopard sur franceinfo le 15 juin 2018.
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