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Finance solidaire : "Nous voulons financer l'économie qui a un impact social, territorial et écologique", dit le président de FAIR

La semaine solidaire a lieu du 13 au 20 novembre et elle est organisée par l'association FAIR (Financer, Accompagner, Impacter, Rassembler). Son président, Frédéric Tiberghien, est l'invité éco du vendredi 17 novembre.
Article rédigé par Camille Revel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Frédéric Tiberghien, président de l'association FAIR. (franceinfo)

Du 13 au 20 novembre a lieu la 16e édition de la semaine de la finance solidaire. L'événement, organisé par l'association FAIR, a pour objectif de faire mieux connaître la finance solidaire au plus grand nombre dans l'espoir de lancer de nouvelles initiatives. Frédéric Tiberghien détaille ce qu'est la finance solidaire.

franceinfo : Est-ce qu'on peut commencer tout simplement par définir la finance solidaire ?

Frédéric Tiberghien : La finance solidaire, c'est une finance qui met en lien direct des épargnants avec des projets à fort impact social et environnemental. Donc l'épargnant souscrit à un produit qui est investi et qui soutient une entreprise ou une cause auquel l'épargnant est attaché.

Quels sont les produits de finance solidaire ?

Il existe trois circuits pour devenir épargnants solidaires. Le plus ancien, c'est celui des banques et des compagnies d'assurances. Le deuxième circuit qui est le plus répandu aujourd'hui, c'est celui de l'épargne salariale. Beaucoup de salariés, notamment des grandes entreprises et des PME, disposent d'accords de participation, d'intéressement. À travers ça, ils peuvent souscrire dans des fonds qu'on appelle 90-10, où 90%, est investi dans des produits cotés et 5 à 10% dans des produits solidaires qui financent des entreprises solidaires. Le troisième circuit, c'est la souscription directe au capital d'entreprise solidaire, comme la Solifap, qui est une branche de la Fondation Abbé-Pierre. Elle a créé une société foncière qui lève des capitaux pour financer des associations et des programmes immobiliers, pour des gens qui sont mal-logés.

Quel est le profil des épargnants solidaires ?

Vous avez un cœur de militants qui sont à la fois des militants sociaux et écologistes depuis de longues années et qui souscrivent à des produits, à impact social et environnemental. Ensuite, vous avez l'immense masse des salariés qui bénéficient de ces accords d'épargne salariale. Et enfin, vous avez des particuliers qui sont attachés notamment aux banques mutualistes ou coopératives, qui font également la promotion d'un certain nombre de produits financiers qui soutiennent l'économie sociale et la finance solidaire.

Est-ce que ces produits sont rentables ? Est-ce que l'épargne solidaire, rapporte autant que l'épargne classique ?

Ces produits sont rentables, mais nous distinguons plusieurs motivations dans la finance à impact. La finance qui vise d'abord l'impact, c'est le cas où l'épargnant dit : "Moi ce que je veux, c'est l'impact social et environnemental avant la rentabilité financière". Vous en avez d'autres qui disent : "Moi, je veux la rentabilité financière autant que l'impact". Donc, en général, les produits solidaires sont rentables financièrement, mais certains d'entre eux, qui relèvent de ce qu'on appelle l'investissement passion et qui privilégient l'impact, sont un peu moins rentables que les autres.

Il y a des Français qui sont séduits par l'épargne solidaire. Vous venez de publier un sondage et pourtant, aujourd'hui ça représente 0,45% de l'épargne totale des Français. Quel est le problème ? Est-ce que c'est un manque de notoriété alors que ça fait 40 ans que ça existe ?

Le monde de la finance est complexe et de plus en plus complexe parce qu'il y a de plus en plus de finance, qui finance des objets différents. À un moment, on a parlé de la finance verte, puis, il y a eu la finance responsable, la finance éthique et la finance solidaire. Elles ont toutes des objets différents donc elles sont toutes nécessaires, mais je reconnais que pour l'instant, on s'y perd un peu et c'est très difficile de s'y retrouver. Donc nous faisons effectivement de la communication avec en particulier ce souci d'expliquer un peu mieux ce que nous faisons. Mais en même temps, ça s'explique très facilement puisque je considère aujourd'hui que nous avons 2 millions d'épargnants solidaires. Mais en France, nous avons un peu plus de 30 millions de ménages, donc nous sommes encore devant un effort de conviction. Il nous reste plus de 30 millions de ménages à convaincre et ceci ne se fait pas du jour au lendemain.

Est-ce que vous êtes confiant dans ce contexte actuel ?

Nous sommes très confiants parce que je résumerais ça en disant que la collecte d'épargne solidaire croît en moyenne de plus de 15% par an depuis quinze ans, donc dix fois plus que le PIB. Ce qui veut dire que le potentiel reste considérable parce que les épargnants veulent choisir des produits financiers qui donnent du sens à leurs placements. Nous voulons financer l'économie réelle et celle qui justement a un impact social, territorial, écologique et nous sommes portés par des aspirations sociales et environnementales extrêmement fortes des épargnants. Nous sommes une finance qui apporte une réponse à cette question et les épargnants la plébiscitent de plus en plus, mais c'est à nous de faire l'effort d'en convaincre davantage.

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