"En 2028, 80% des ordinateurs vendus vont avoir une capacité IA", selon Christoph Schell, directeur commercial d'Intel
Le secteur des puces électroniques, est en plein bouleversement avec la montée en puissance de l'intelligence artificielle. D'ailleurs, ici, à Davos, on le voit, une conférence sur deux, une entreprise sur deux parle et traite d'intelligence artificielle.
franceinfo : Christophe Schell, vous êtes est le directeur commercial d'Intel, géant américain des semi-conducteurs. Comment l'IA transforme-t-elle votre business ?
Christophe Schell : Alors l'IA c'est hyper important pour nous. On pense que l'IA va se passer un peu partout sur l'ordinateur, dans les centres de données, dans le cloud. En américain, on dit "AI everywhere".
"IA partout".
Voilà, et pour Intel, c'est hyper intéressant. On vient de lancer notre premier produit pour ordinateur avant Noël. C'est un produit qui s'appelle Intel Core Ultra et c'est le premier ordinateur IA.
Mais qu'est-ce que ça signifie ? Parce qu'on a un peu l'impression qu'on met l'IA à toutes les sauces, que ça fait "bien", mais comment est-ce que ça va changer notre rapport à l'ordinateur ?
Ça concerne ce qu'on peut faire avec l'ordinateur, avec toutes les applications qui peuvent être utilisées. Je vous donne un exemple. Imaginez-vous un entretien comme le nôtre et à la fin de notre entretien, vous pouvez demander à l'IA de faire un résumé de notre dialogue. Et en sortant de la pièce, vous avez déjà un résumé avec tous les sujets qu'on a évoqués.
Et ça, c'est ce que vous allez faire chez Intel ? Ce n'est pas votre travail.
Non, c'est le travail de nos partenaires, des boîtes de software, qui sont en train d'adapter leurs applications sur une échelle IA, ou de créer de nouvelles applications pour l'entreprise, pour le consommateur.
Donc vous, Intel, comment est-ce que vous participez ?
Pour vraiment gérer cette capacité, il vous faut un silicium qui est assez puissant et c'est à nous de gérer ce silicium, de le mettre dans les machines de nos partenaires.
Donc ça vous permet de produire, vous, des semi-conducteurs, des puces encore plus perfectionnées. C'est un nouveau marché pour vous.
C'est une nouvelle catégorie dans un marché établi et on croit quand même que ça va nous donner une croissance énorme. Jusqu'à la fin de l'année 2025, on pense qu'on va vendre à peu près 100 millions de produits capables de gérer de l'IA. On croit qu'en 2028, 80 % des ordinateurs vendus vont avoir une capacité IA, la taille du marché pourrait aller au-delà de 300 millions d'unités par an.
Et la part de marché pour Intel dans ce marché ?
Ça dépend un peu, mais on est quand même numéro un depuis des années.
Donc, vous, vous pensez que vous allez rattraper votre retard, grâce à l'émergence de l'IA par rapport à vos concurrents asiatiques, qui gagnent quand même des parts de marché importantes ?
Je ne crois pas qu'on a un retard en tout ce qui concerne les produits ordinateurs. On a peut-être un retard dans les produits de cloud. Et ce n'est pas un retard mais une question de s'établir dans un nouveau marché. On a d'ailleurs commencé, on a dit qu'on allait lancer cinq nouveaux produits en quatre ans. Là, avec le produit qu'on a lancé avant Noël, c'est le deuxième. On est bien. Je crois qu'on va avoir une performance qui va être très high-tech, qui va être complètement capable d'égaler les compétiteurs asiatiques.
Alors, en Europe comme aux Etats-Unis, ont été adoptés des textes pour relocaliser la production de semi-conducteurs qui était partie en Asie. Une question qui a été jugée stratégique. Une question de souveraineté après le Covid, avec des milliards d'aides publiques à la clé. Depuis, vous avez décidé d'implanter un site en Allemagne. Où en est ce projet ?
Tout le monde a remarqué, lors des années Covid, qu'il y avait quand même une dépendance incroyable à l'Asie, en ce qui concerne les chaînes d'approvisionnement. Donc on a pris la décision d'investir dans la fabrication aux USA mais aussi en Europe. C'est pour cette raison qu'on a lancé un projet en Allemagne, à Magdeburg, de fabrication des produits très avancés.
Vous dites que vous avez décidé, mais il y a quand même les gouvernements qui, à la clé, mettent beaucoup d'argent public pour vous inciter à venir.
Tout à fait. Mais c'est dans notre industrie, ce n'est pas quelque chose de nouveau. L'industrie des semi-conducteurs bénéficie de subventions depuis les années 1970, alors c'est vraiment très bien établi.
Et ça ne suffisait pas à vous faire rester en Europe ou aux États-Unis jusqu'à présent ?
Moi, étant Allemand, c'est aussi une des raisons pour laquelle j'ai pris la décision de commencer avec Intel. Je trouve ça hyper bien qu'on donne une option aux clients en Europe, dans le marché européen pour le marché européen.
Pour l'instant, vous avez quoi ? Un site aujourd'hui en Irlande, sur une trentaine de sites ?
Voilà, on a un site aujourd'hui en Irlande. C'est un site important pour nous et c'est le seul site en Europe qui est capable de faire des produits avancés. On va ajouter Magdeburg en Allemagne et on va aussi ajouter l'investissement qu'on a mis en Pologne, pour faire de l'assemblage et du testing, pour les produits qui seront fabriqués à Magdeburg et en Irlande.
Et donc, Christophe Schell, toujours rien pour la France ?
La France est un marché hyper important pour nous. On a des liens dans tout ce qui est recherche, surtout avec le CIA. Là, on est focalisé sur l'Allemagne, la Pologne, l'Irlande et aussi l'Israël. Intel est le plus grand employeur en Israël. On a plus de 14 000 employés et collègues. Ils continuent à faire un boulot exceptionnel. On n'a pas raté une seule deadline à cause de la guerre.
C'est un engagement de la part d'Intel.
Oui, c'est déjà un siège assez important pour nous, mais ça va devenir plus important dans l'avenir.
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