Elisabeth Morin-Chartier : "Le Roumain qui travaille en France doit être payé comme le Français"
La députée européenne et co-rapporteure pour la révision de la directive sur le travail détaché, Elisabeth Morin-Chartier, était l'invité de "L'interview éco", vendredi soir, pour évoquer les enjeux du texte.
La directive sur les travailleurs détachés va-t-elle être revue ? Ce sujet brûlant divise les pays de l'Union européenne. Le Parlement européen arrêtera sa position dans quelques jours : le vote a lieu lundi 16 octobre. Elisabeth Morin-Chartier, députée européenne et co-rapporteuse du texte soumis au vote, essaie en ce moment de construire une majorité au Parlement.
Invité sur franceinfo jeudi, la députée européenne l'affirme : "Je suis déterminée pour changer les règles parce que la révision de cette directive sur les travailleurs détachés est une nécessité absolue. Il y a 400 000 travailleurs détachés en France venus de l'étranger, pratiquement 300 000 Français qui travaillent en Europe. Cela correspond à deux libertés fondamentales : celle de prestations de service à travers l'Europe et celle de libre-circulation des travailleurs."
"La mobilité est la meilleure résistance au chômage"
Via sa proposition, Elisabeth Morin-Chartier veut construire une Europe sociale : "Bien sûr que je défends la mobilité ! Erasmus est là pour développer la mobilité et on voit que la mobilité est la meilleure résistance au chômage et c'est le développement de la plus grande expertise de l'Europe."
La proposition d'Elisabeth Morin-Chartier entend contrer le dumping social en uniformisant les grilles de salaire sur celles du pays d'accueil : "Oui, il y a dumping social et il faut en sortir, parce qu'il y a 20 ans, l'écart de salaire minimum allait de 1 à 3. Avec l'élargissement de l'Europe, l'écart de salaire minimum est passé de 1 à 10. Cela signifie qu'aujourd'hui, un travailleur détaché est payé sur le salaire minimum du pays d'accueil mais est-ce bien vrai ? Pas vraiment. Parce qu'on voit sur la feuille de salaire du travailleur du pays d'accueil qu'il peut y avoir une prime de froid, une prime de risque, un treizième mois donc des lignes en plus qui comptent beaucoup. Sur la feuille de paie du travailleur détaché, il y a des lignes en moins. Peuvent être déduits du salaire minimum les frais de transport, de logement, de nourriture et donc les deux feuilles de salaire ne correspondent plus : c'est là le dumping social mais c'est aussi la concurrence déloyale entre les entreprises."
"Les règles seront les mêmes et les lignes seront les mêmes pour tout le monde"
"Nous voulons changer cela", ajoute Elisabeth Morin-Chartier, "le Roumain qui vient travailler en France devra être payé comme le travailleur français et les indemnités devront être traitées à part. Le sandwich ou le repas qui sera donné en indemnité pour le Hongrois ne sera pas le tarif du repas hongrois, ce sera le tarif du repas français si le Hongrois est en France. Comme ça c'est clair, les règles seront les mêmes et les lignes seront les mêmes pour tout le monde."
"Mon combat", conclue Elisabeth Morin-Chartier, "c'est de poser les bases d'une Europe sociale : il faut rapprocher l'Europe des citoyens, le travail est leur premier sujet de préoccupation."
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