Christophe Robert (fondation Abbé Pierre) : "Si vous coupez les APL, c’est une catastrophe !"
Christophe Robert, délégué général de la fondation Abbé Pierre, était l'invité de l'interview éco mardi. Il a dénoncé la baisse des APL. "Il ne faut pas que ce modèle soit abîmé" a-t-il martelé.
Emmanuel Macron a annoncé lundi 11 septembre une série de mesures pour "libérer" la construction de logements. Il veut baisser les loyers des HLM, tout en réduisant les aides aux locataires. Le plan du gouvernement, qui sera dévoilé la semaine prochaine, fait déjà réagir les associations.
Invité de franceinfo mardi 12 septembre, Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, a de nouveau critiqué la baisse des APL de cinq euros décidée par le gouvernement, "une catastrophe sociale" selon lui. Le système "fonctionne bien depuis 100 ans", le fragiliser durablement "ne serait pas une réussite", assure Christophe Robert qui propose de "baisser significativement les prix du privé" et demander un effort "aux bailleurs sociaux sans fragiliser le modèle économique et sa capacité de produire."
franceinfo : soutenez-vous cette grande remise à plat du logement social voulue par le président de la République ?
Christophe Robert : Tout dépend de quoi on parle. Si le chamboule-tout c'est couper les APL de cinq euros, ou prolonger une baisse des APL qui servent pour les plus pauvres à se loger dans de meilleures conditions, c'est une catastrophe sociale. Nous demandons le retrait de cette baisse de cinq euros et ne pas aller plus loin dans les entailles qui pourraient être apportées à cette aide qui a une fonction primordiale dans le domaine du logement.
"Si vous coupez les APL, c'est une catastrophe !" Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre pic.twitter.com/W1Z2o3xMHD
— franceinfo (@franceinfo) 12 septembre 2017
Emmanuel Macron dit qu'ilveut rendre le système plus sain. Est-ce le cas ?
Avec le modèle économique du logement social, avantages de taux, subventions, aides des collectivités, on arrive à faire sortir du logement moins cher que le marché pour loger des personnes qui ont besoin d'être aidées. Les bailleurs sociaux savent faire. Si vous injectez des moyens financiers supplémentaires, avec des avantages de taux ou du foncier gratuit, ils arrivent à faire du logement moins cher. La question est combien on va mettre sur la table pour arriver à faire du logement social moins cher.
Pourquoi continuez-vous à défendre ce système, alors que le mal logement augmente ?
Les APL et le logement social sont les deux principaux leviers de la solidarité dans notre pays. Il ne faut pas que ce modèle soit abîmé. Cela fait 100 ans qu'il fonctionne bien. Si on fragilise durablement le modèle du logement social, ce ne sera pas une réussite.
"Les #APL, si c'est devenu de plus en plus coûteux, c'est parce qu'il y a de + en + de personnes fragiles" Christophe Robert @Abbe_Pierre pic.twitter.com/cwlBR3g5e2
— franceinfo (@franceinfo) 12 septembre 2017
Les APL, c'est 18 milliards d'euros par an. C'est cher. Pourquoi ? Parce qu'il y a plus de personnes qui sont fragilisées, sans emploi, des femmes seules avec enfants avec un niveau de ressource très bas. Si c'est devenu de plus en plus coûteux, c'est qu'il y a de plus en plus de personnes fragiles. Doit-on aider ces gens ? La réponse est oui.
"Les #APL et le logement social, ce sont les deux principaux leviers d'exercice de la solidarité dans notre pays" @chrstphe_robert pic.twitter.com/byv2iGAaiD
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Il ne faut donc pas toucher au fonctionnement des APL ?
Si vous coupez les APL, ce sera pire. Si on a aujourd'hui quatre millions de mal logés, c'est qu'il y a une fragilité sur l'emploi, qu'il y a des personnes qui ont des ressources trop basses, et des logements trop chers. Si le gouvernement veut faire baisser la facture sur les APL, il faut baisser significativement les prix du privé. Cela pourrait conduire à une petite baisse des APL. Il faut trouver le bon équilibre. Il faut demander un effort aux bailleurs sociaux sans fragiliser le modèle économique et sa capacité de produire.
>> Cliquez sur ce lien pour retrouver l'interview éco en intégralité
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