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Muhammad Yunus soutient la candidature de Paris aux JO 2024 : "Si je peux faire quelque chose pour aider, je le ferais"

Le prix Nobel de la Paix 2006, Muhammad Yunus, a décrit mardi à franceinfo son action en faveur de la candidature de Paris à l'organisation des Jeux Olympiques de 2024. 

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Muhammad Yunus est économiste, entrepreneur, et Prix Nobel de la Paix 2006. (RADIO FRANCE)

La Ville de Paris est en course pour l'organisation des Jeux olympiques de 2024, au coude-à-coude avec Los Angeles. Le Comité olympique déterminera en septembre prochain à Lima, au Pérou, qui des deux villes accueillera la compétition mondiale. Une rencontre sera organisée entre-temps par le Comité international olympique le 11 juillet prochain à Lausanne, pour étudier les deux projets une dernière fois avant le verdict final.

Muhammad Yunus, économiste et entrepreneur bangladais, est l'un des ambassadeurs de la candidature de la France pour 2024. Il a rencontré mardi 6 juin la maire de Paris Anne Hidalgo, avec qui il s'est entretenu sur la dimension "solidaire et sociale" des Jeux olympiques. Une thématique qu'il doit développer lors des conférences et tables rondes Think-tank 2017 organisées par le festival We Love Green, les 10 et 11 juin à Paris.

franceinfo : Pourquoi soutenez-vous la candidature de la Ville de Paris aux Jeux olympiques de 2024 ?

Muhammad Yunus : Je m'étais déjà exprimé lors des Jeux de Rio, devant le Comité olympique. Les Jeux olympiques attirent l'attention du monde entier. Qui dit Jeux olympiques dit divertissement, mais cela va bien au-delà du divertissement, parce qu'il y a une véritable aspiration à la construction d'un ordre plus juste, plus social, d'une planète plus équitable. On parle de l'entreprise solidaire, de l'économie solidaire et équitable. Il faut quand même se rappeler que, quelquefois, l'organisation des Jeux olympiques peut entraîner au contraire des dégâts sur le plan social. Et là, la maire de Paris a dit que non : il faut intégrer une dimension sociale, verte à l'organisation des Jeux olympiques. Elle m'a donc invité pour dire qu'il faudrait rassembler ces idéaux autour du climat, autour de l'équité, de la justice sociale avec la candidature aux Jeux olympiques. Et donc, si je peux faire quelque chose pour aider, je le ferais.

Il s'agit de voir une nouvelle version des Jeux olympiques, avec une dimension sociale qui ne s'arrête pas simplement au simple divertissement, qu'on s'intéresse réellement aux grands enjeux sociaux et climatiques, ce qui n'était pas le cas par le passé.

Muhammad Yunus, économiste, entrepreneur, prix Nobel de la paix 2006

à franceinfo

Il faut se rappeler qu'il y a souvent des grandes dépenses qui sont associées aux Jeux. Il faut que ces dépenses servent à quelque chose, qu'elles aient justement cette dimension sociale, et je crois que la maire Hidalgo en est bien consciente.

Comment faire de ces Jeux olympiques des Jeux "solidaires" ? Quel message souhaiteriez-vous transmettre aux athlètes ? 

Mon message aux athlètes, c'est qu'ils doivent être conscients de leur rôle. Les athlètes ont véritablement un pouvoir, puisque ce sont eux qui attirent l'attention du public. C'est à eux de porter ce message de la dimension sociale, et spécialement à l'attention des jeunes. La dimension sociale doit s'étendre au monde entier. Le sport est également une vitrine pour s'intéresser aux enjeux climatiques parce que tout le monde n'arrive pas à être un athlète de haut niveau. Et c'est vrai dans bien d'autres domaines. La vie d'un homme est courte à l'échelle de l'humanité, mais la question est de voir comment chacun peut construire sa propre vie. Ces athlètes peuvent être des modèles pour les autres, pour dire que vous pouvez réussir dans la vie, d'une façon ou d'une autre, en étant également porteur d'un certain espoir.

Vous avez lancé ce mardi aux côtés d'Anne Hidalgo le premier incubateur dédié aux sportifs en reconversion, ayant un projet d'entreprise sociale ou environnementale...

Oui, après une vie d'athlète, souvent il n'y a pas de retraite. Il n'y a plus rien. Pouquoi ne pas se reconvertir dans quelque chose de productif, d'utile ? Dans notre organisation, nous pouvons aider ces jeunes, anciens athlètes, à créer des entreprises vertes, sociales ou solidaires.

Serez-vous présent à Lausanne le 11 juillet prochain pour défendre la candidature de la Ville de Paris ?

Effectivement, j'ai été invité à participer à cette rencontre. J'ai accepté cette invitation avec plaisir, et j'en profiterai justement pour expliquer mes idées, ce que Madame Hidalgo d'ailleurs a proposé, c'est-à-dire d'inclure cette dimension sociale dans l'organisation des Jeux. Si nous pouvons y arriver, ce ne sera pas simplement un succès sportif, mais également social, puisque nous définirons une nouvelle feuille de route pour les sports et les Jeux olympiques. C'est ce que j'essaierai d'expliquer.

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