Beaucoup d'entreprises "font croire qu’elles sont féministes", dénonce la journaliste Léa Lejeune
Dans "Féminisme washing" (Seuil), elle enquête sur les entreprises qui font avancer la cause des femmes... et sur les autres.
Quelle est la vraie place des femmes dans les entreprises en France ? Léa Lejeune, journaliste au magazine Challenges, a enquêté sur ces sociétés qui pratiquent ce qu’elle appelle le "feminisme washing", sur le modèle du "greenwashing", des entreprises qui "ont tendance à faire croire qu’elles sont féministes", alors qu’elles ne le sont pas.
Dans son livre, Féminisme washing (Editions du Seuil), Léa Lejeune pointe du doigt ces groupes qui "envoient des communiqués de presse le 8 mars [journée internationale de lutte pour les droits des femmes], se félicitent de respecter la loi… alors qu’il n’y a rien d’exceptionnel". Selon la journaliste, il y a encore trop d’écart entre "une communication, du marketing, qui vise à faire croire qu’on œuvre à l’égalité et la réalité des pratiques".
Des paroles... et des actes
Léa Lejeune, qui préside aussi l’association Prenons la une, cite des entreprises qui font, selon elle, "beaucoup de communication et pas de réalité" : BNP Paribas, où "l’ambiance en salle de marchés n’a pas tellement changé et où la représentation des femmes aux postes des très hauts cadres ne progresse que très peu". Ou encore McDonald’s, "une entreprise qui a des plaintes pour harcèlement moral en France et aux États-Unis".
A l’inverse, estime Léa Lejeune, des entreprises ont mis en place "des mesures concrètes". La journaliste cite le groupe L’Oréal, "qui fait plein de choses et mesure depuis 2007 les inégalités de salaires avec une précision de métronome".
Des quotas pour les directions d’entreprises
En France, l’écart entre les salaires des hommes et ceux des femmes reste important, notamment "le résiduel inexpliqué, la discrimination pure", quand on compare "hommes et femmes avec la même ancienneté, le même diplôme, qui travaillent dans la même entreprise, aux mêmes postes. Là, on est à environ 8% d’écart de salaires…", détaille la journaliste. Si on prend en compte les différences de trajectoire (précarité, temps partiel, etc.), l’écart atteint même 26,5%.
Le gouvernement propose des quotas pour les directions et les comités exécutifs des entreprises. "J’y suis très favorable", réagit l’auteure de Féminisme washing : "L’idée, c’est d’arriver à 40% de femmes dans ces comités de direction, mais d’ici 2030 ! On n’est pas pressé…", conclut-elle ironiquement.
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