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Limogeage de Virginie Calmels : pour un ex-élu LR, la stratégie de Laurent Wauquiez est de créer "un parti d'affidés sur une ligne identitaire"

Le député Agir Franck Riester réagit, lundi soir sur franceinfo, à l'éviction de l'ex-numéro 2 des Républicains, Virginie Calmels, et l'invite à rejoindre son parti.

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Radio France
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Franck Riester, Député Les Républicains de Seine-et-Marne, co-président du groupe Les Constructifs. (RADIO FRANCE / JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT)

La numéro 2 du parti Les Républicains, Virginie Calmels, a été limogée dimanche 17 juin par Laurent Wauquiez, le président du parti. Franck Riester, député "Agir" de Seine-et-Marne [un parti créé à la suite de l'exclusion des Républicains de certains députés membres du groupe Les Constructifs à l'Assemblée nationale] revient lundi 18 juin sur ce limogeage. Ce dernier considère que Laurent Wauquiez "pouvait ne pas la limoger s'il était dans une dynamique de rassemblement, mais il ne l'est pas." Le député "salue le courage de Virginie Calmels" et "l'invite à rejoindre" le parti Agir.

franceninfo : Laurent Wauquiez pouvait-il ne pas limoger Virginie Calmels après ses critiques incessantes ?

Franck Riester : Incessantes ? Elle a fait deux critiques. Oui, il pouvait ne pas la limoger s'il était dans une dynamique de rassemblement, mais il ne l'est pas. Sa stratégie - et ce n'est pas nouveau - c'est de faire en sorte que le parti LR devienne un parti aux ordres, un parti d'affidés sur une ligne identitaire, populiste, souverainiste et ultra-conservatrice. Sa stratégie est claire et je ne conteste pas cette clarté, pour autant je considère que c'est dangereux. C'est dangereux parce que c'est utiliser le vocabulaire et les idées de l'extrême-droite, donc c'est servir de marchepied au parti et c'est très grave pour notre pays. Et puis d'autre part, je souhaite que les idées historiques de l'UMP soient défendues.

Laurent Wauquiez estime aujourd'hui que les idées de l'UMP sont représentées dans Les Républicains et il en veut pour preuve la nomination de Jean Leonetti à la place de Virginie Calmels en tant que numéro 2.

Qu'il y ait un alibi ou une caution, on l'a vu, ce devait être Virginie Calmels. Mais, dès qu'elle a dit qu'elle n'était pas d'accord sur la ligne, qu'elle a critiqué la façon de rédiger un tract [l'ex-numéro 2 LR avait jugé "anxiogène" un tract distribué par le parti] et bien elle a été limogée. Autant Virginie Calmels était sur une ligne libérale, sociale et pro-européenne, autant Jean Leonetti - sur les sujets de société - est très conservateur. On le voit sur la fin de vie, on l'a vu sur le mariage pour tous. Il est, de ce point de vue-là, très proche de Laurent Wauquiez et de sa ligne ultra-conservatrice. Donc il y a de moins en moins de candidats pour servir d'alibi. Moi je salue d'ailleurs le courage de Virginie Calmels, je trouve qu'elle a fait preuve de détermination.

Vous lui demandez de rejoindre le parti Agir même si elle va sans doute se rapprocher de Valérie Pécresse et de son mouvement "Libres !" ?

J'invite toutes celles et ceux qui partagent les idées de la droite, celles de l'UMP, une droite moderne, libérale, sociale, pro-européenne, humaniste et réformiste à nous rejoindre. J'invite Virginie Calmels, j'invite Valérie Pécresse parce qu'on voit bien que Valérie Pécresse est dans une impasse stratégique. Ça sert à quoi de rester dans le parti LR alors que l'on voit bien qu'il y a zéro influence sur la ligne du parti. À droite, il y avait déjà eu dans l'histoire deux partis : l'UDF et le RPR et bien là il y a LR, sur une ligne très droitière et Agir sur une ligne historique de l'UMP.

À quoi cela sert d'appeler à vous rejoindre alors qu'il y a Emmanuel Macron au pouvoir ?

Emmanuel Macron fait un certain nombre de réformes auxquelles nous croyons et je pense que faire de la politique de façon moderne c'est accompagner les réformes que la droite - quand on est de droite - a toujours défendues et ne pas s'y opposer sous prétexte que le président de la République n'est pas issu du même parti que soi. Mais pour autant, on garde cette liberté qui est importante, on a critiqué l'augmentation de la CSG, on pense qu'il n'y a pas assez de réductions du déficit public etc. Pourquoi vouloir forcément être dans un grand rassemblement, dans un parti du président, unique ? Les Français veulent qu'on puisse être clair sur les idées et nous on est clairs sur nos idées, sur la nécessité de défendre la ligne d'une droite pro-européenne, libérale et sociale, et si Emmanuel Macron - sur un certain nombre de sujets - est d'accord avec nous et bien tant mieux.

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