"Je ne tiens pas à être responsable du suicide du Front national" déclare Jean-Marie Le Pen
L'eurodéputé et président d'honneur du FN, Jean-Marie Le Pen, était l'invité de "L'Interview J-1", mercredi, sur franceinfo, à la veille de la sortie en librairie du premier tome ses mémoires.
Jean-Marie Le Pen, le président d'honneur du Front national et eurodéputé, était l'invité de L'Interview J-1, mercredi 28 janvier, sur franceinfo, à la veille de la sortie en librairie du premier tome de ses mémoires, Fils de la nation, 1928-1972 (éd. Muller). Le livre est en tête des ventes Amazon. Le premier tirage, à 50 000 exemplaires, est déjà épuisé. Cette sortie s'inscrit dans un calendrier très politique. Marie Le Pen prépare la refondation du FN, avec un changement de nom et un changement des statuts, lors du congrès de Lille les 10 et 11 mars.
franceinfo : Vous menaciez d'aller au congrès à Lille, et finalement vous n'y allez pas. Pourquoi jetez-vous l'éponge ?
Jean-Marie Le Pen : Je ne jette pas l'éponge du tout (...) Je ne voulais pas qu'il y ait le moindre risque d'affrontements (...) Je ne tiens pas à être responsable du suicide du Front national. Je laisse cette responsabilité au congrès qui sera peut-être le dernier.
Vous n'épargnez pas Marine Le Pen, votre fille, dans vos mémoires. Vous écrivez éprouver de la "pitié" pour elle...
C'est plutôt généreux d'avoir de la pitié. J'aurais pu avoir de la haine, de l'indignation ou autre. J'ai pitié parce que je crois qu'elle se trompe et qu'elle le paiera cher dans son esprit, dans son âme, dans son cœur.
Si on suit votre raisonnement, ce n’est pas elle qui pourra reprendre le flambeau des Le Pen en 2022. Qui alors ? Marion Maréchal, "guest star" la semaine dernière à Washington ?
À la limite oui, mais le Front national n'appartient pas à la famille Le Pen. C'est le hasard de la vie qui a conduit les uns et les autres à prendre des responsabilités, et s'il y a beaucoup de gens de la famille, si j'ose dire, c'est parce que, dans les moments difficiles, il n'y avait pas tellement de volontaires pour affronter la réalité.
Dans ce tome 1, vous ne parlez pas de la Shoah, mais vous avez dit que vous pourriez reconnaître l’extermination des Juifs par le régime nazi dans le tome 2. Pourquoi pas maintenant ?
Je ne sais pas, on verra ça en temps utile.
Les chambres à gaz sont-elles toujours un "détail de l'Histoire" ? C'est une question qui vous agace...
Non, c'est une question qui m'a coûté cher : 300 millions d'anciens francs en 1987 et, je crois, 60 ou 80 000 euros devant la 17e chambre correctionnelle. Par conséquent, dans un pays où il n'y a pas de réelle liberté de penser ou cette liberté est réservée à certains sujets, je préfère m'abstenir.
Vous écrivez aussi dans votre livre : "La politique, après tout, ce n’était peut-être pas absolument mon truc. J’étais plutôt, comment dire, une vigie, une sentinelle, un lanceur d’alerte." Cela signifie qu'au fond de vous-même, vous n’avez jamais voulu exercer le pouvoir ?
Bien sûr que si. Si vous regardez les programmes du Front national (...), ce sont tous des programmes pour le gouvernement du Front national. Et je rappelle que nous avons même fait un "shadow cabinet".
Vous avez le regret de ne pas avoir gouverné ?
Bien sûr. La finalité de la politique, c'est de mettre ses idées au pouvoir. Malheureusement, je n'ai pas pu le faire et en un moment où je crains, justement, que cette absence d'action dans cette direction-là soit très dangereuse pour notre pays et notre continent.
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