Fondation pour la mémoire de l'esclavage : "Il faut faire la lumière sur les zones d'ombre et regarder vers l'avenir"
Olivier Serva, député LREM de Guadeloupe, était l'invité du "19h20 politique" sur franceinfo vendredi, après l'annonce par le chef de l'État de la création d'une Fondation pour la mémoire de l’esclavage à Paris.
A l'occasion du 170e anniversaire de l'abolition de l'esclavage, Emmanuel Macron a annoncé, vendredi 27 avril, la création d'une Fondation pour la mémoire de l’esclavage. Elle sera créée cette année", précise le président de la République dans un texte publié sur Facebook, et elle "sera logée à l’Hôtel de la Marine où l’abolition de l’esclavage fut décrétée le 27 avril 1848". Invité du "19h20 politique" sur franceinfo, le député La République en marche de Guadeloupe Olivier Serva s'est félicité de cette annonce, espérant que cette Fondation aide à "faire la lumière sur le passé". Olivier Serva salue également "l'édification d'un mur des noms au jardin des Tuileries" consacré à l'esclavage.
franceinfo : Emmanuel Macron a annoncé la création d'une Fondation pour la mémoire de l'esclavage. Comment réagissez-vous à cette annonce ?
Olivier Serva : Nous sommes contents. Le président de la République a fait trois annonces, car cette Fondation sera logée à l'Hôtel de la Marine. Il a annoncé que le Mémorial ACTe en Guadeloupe serait transformé en musée pour l'aspect mémoriel. C'est important, parce que ça veut dire que c'est en Guadeloupe qu'au niveau national partira le champ mémoriel. Il a également annoncé l'édification d'un mur des noms au jardin des Tuileries, c'est un projet auquel tiennent beaucoup les associations mémorielles ici en Ile-de-France.
Derrière le symbole, qu'attendez-vous de cette Fondation ?
Nous en attendons qu'effectivement qu'on puisse faire la lumière sur le passé. Il y a des zones d'ombre. Si on prend un personnage comme Colbert, ce fut un très bon ministre d'État, mais il a été aussi l'instigateur du "code noir". Il faut faire la lumière sur les zones d'ombre mais aussi regarder vers l'avenir. Comme le disait [Édouard] Glissant, il ne s'agit pas d'être l'esclave de l'esclavage. Comme le disait [Aimé] Césaire, le combat pour la liberté, l'égalité, la fraternité est un combat qui doit être remis au goût du jour. Nous voulons donc nous projeter vers l'avenir pour que nous puissions travailler ensemble. Nos ancêtres ont vécu 400 ans en esclavage et parfois, il y a une certaine honte, des afro-descendants. On a du mal à assumer cela, le fait de pouvoir sur ce mur [au jardin des Tuileries], voir un nom, un prénom d'esclaves, et un nom de personne affranchie, ça remet nos héros au centre de l'histoire et cela nous permet d'être plus à l'aise avec l'avenir.
Une marche est organisée le 23 mai prochain par un collectif d'associations en mémoire des victimes de l'esclavage. C'est une initiative importante ?
Oui, c'est très important, et d'ailleurs cette idée de mur des noms au Jardin des Tuileries, émane de ce collectif [Comité Marche du 23 mai 98] qui organise la marche du 23 mai prochain, notamment de Serge Romana [généticien et ancien président de ce collectif] et d'autres qui, il y a 20 ans ont marché avec 40 000 personnes dans les rues [pour célébrer les 150 ans de l'abolition de l'esclavage]. Donc, oui cela permettra une marche silencieuse œcuménique, où chacun pourra se retrouver pour qu'on puisse échanger sur cet aspect-là. Lorsqu'on a été un empire colonial, il y a forcément un chemin à parcourir ensemble et je crois que le président Macron veut faire ce chemin-là, avec nous. Un chemin que nous poursuivrons ensemble, pour que l'œuvre humaine puisse aboutir.
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