Air France : Clémentine Autain pointe "une incapacité de la direction à accepter de partager les richesses produites dans l'entreprise"
La députée La France insoumise Clémentine Autain était l'invitée du "19h20 politique" vendredi sur franceinfo, peu après l'annonce de la démission du PDG d'Air France-LKM.
Le PDG d'Air France-KLM Jean-Marc Janaillac a annoncé vendredi 4 mai sa démission après le rejet à 55,44% par les salariés d'un projet d'accord salarial. Il avait été proposé par la direction pour tenter de mettre fin à un long mouvement de grève. 80,33 % des salariés ont participé à la consultation. "Les salariés se sont exprimés sur une proposition qui ne leur convenait pas", a estimé, vendredi, sur franceinfo, Clémentine Autain, députée La France insoumise de Seine-Saint-Denis.
franceinfo : Quelle est votre réaction à la démission du PDG d'Air France ?
Les salariés se sont exprimés sur une proposition qui ne leur convenait pas. C'est à la fois le signe d'une crise interne qui couve depuis plusieurs années, puisque les grèves sont à répétition à Air France, et pour une raison assez simple, c'est que le dialogue est compliqué avec la direction d'Air France. Il est refroidi. On a une entreprise qui a relevé la tête, fait des bénéfices importants mais choisi d'augmenter les salaires de ses plus hauts cadres et gelé les salaires du plus grand nombre. Par ailleurs, on a des dividendes importants qui sont reversés aux actionnaires et on explique aux salariés que le gel des salaires est normal. C'est une crise interne qui est liée à une incapacité de la direction à accepter de partager les richesses qui sont produites dans l'entreprise.
Quel parallèle faites-vous entre Air France et d'autres conflits en cours, notamment celui de la SNCF ?
Le parallèle que je vois avec la SNCF, c'est que j'ai le souvenir d'Air France quand on disait qu'on ouvrait le capital, mais que jamais on ne privatiserait la compagnie. Aujourd'hui, on voit le résultat. Je comprends la colère des salariés. Je l'ai manifesté à plusieurs reprises en allant les soutenir à plusieurs reprises quand ils se mobilisaient, quand vous avez des patrons qui ont l'indécence de s'augmenter de 41 % en 2016 [le lendemain de cette annonce, en 2017, la direction d'Air France, plaidant 'l'erreur comptable', a ramené cette hausse à 17,6%]. L'entreprise a un bénéfice net très positif. Ce sont des centaines de millions d'euros et on est en train de nous expliquer qu'elle ne va pas bien. Je dis qu'il faut faire attention avec les chiffres et écouter les salariés. C'est une leçon plus large. Peut-on continuer à avoir des stratégies d'entreprise qui s'assoient sur la parole des salariés et sur leur possibilité de s'exprimer et de profiter des bénéfices de l'entreprise ?
Serez-vous dans la rue demain [samedi] pour faire "la fête à Macron" ?
Oui, je serai à Paris, dans les rues, avec François Ruffin, avec d'autres députés de La France insoumise qui prendra sa part. Mais c'est une manifestation où vous verrez d'autres dirigeants politiques. Je crois que Benoît Hamon, Pierre Laurent et Olivier Besancenot seront présents et surtout de très nombreux citoyens, militants, syndicalistes, sympathisants politiques vont descendre dans la rue pour exprimer leur colère face au président des riches et des hyper riches. Les milliards d'euros qui ont été redistribués aux plus aisés de notre pays par le biais de la réforme de l'ISF c'est autant d'argent public qu'on ne peut pas redistribuer dans les Ehpad, dans les quartiers populaires, dans le monde associatif et là on dilapide de l'argent en creusant les inégalités sociales et territoriales. C'est une logique effroyable contre laquelle je me bats. Demain, je marcherai contre cette logique économique libérale qui fait toujours la part belle au capital. Les firmes du Cac40 vont reverser, en 2017, 46 milliards d'euros en dividendes, voilà de l'argent qui n'est pas mis au service des biens commun et Emmanuel Macron accompagne cette logique. Si demain, nous sommes dans la rue, c'est pour dire qu'il faut plus de liberté, plus de démocratie.
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