80 km/h sur les routes secondaires : l'UDI dénonce une "mesure de l'ancien monde" destinée à "emmerder les Français"
L'UDI a déposé un recours pour excès de pouvoir, à l'encontre du décret qui institue la limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires. Jean-Christophe Largarde, son président, évoque un "parisianisme."
Un recours en excès de pouvoir a été déposé mardi 19 juin par l'UDI devant le Conseil d'Etat contre le décret qui institue la limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires à partir du 1er juillet.
Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, député de Seine-Saint-Denis, est signataire de ce recours en annulation. Invité mercredi 20 juin sur franceinfo, il a critiqué "la mauvaise méthode" du gouvernement qui généralise cette mesure "à tout le territoire aux 400 000 km de routes de réseaux routiers secondaires." "Ça sert à quoi d'emmerder les Français" avec "une mesure de l'ancien monde, car on applique à tout le monde la même recette alors que les situations sont différentes ?" a dénoncé Jean-Christophe Lagarde.
franceinfo : Le Premier ministre estime que la limitation de la vitesse à 80km/h mérite bien une expérimentation de deux ans. Vous n'êtes pas d'accord avec cette idée ?
Jean-Christophe Lagarde : Cette expérimentation, était déjà en cours, c'est Manuel Valls qui l'avait décidée. Elle devait durer trois ans et le gouvernement a décidé de l'arrêter au bout d'un an demi et, sans en tirer les conclusions, il la généralise à tout le territoire sans pouvoir démontrer qu'il y aurait une économie en nombre de morts. On est passé d'une mesure générale à ce qu'on appelle une expérimentation de deux ans en espérant que dans deux ans les Français auront oublié. Très franchement, je pense que la méthode est mauvaise. IL ne faut pas appliquer à tout le territoire, aux 400 000 km de routes de réseaux routiers secondaires, la même règle partout sans aucune différence selon qu'on soit dans un virage, dans une ligne droite, selon qu'il y ait des intersections ou pas. On conduit tous sur ces routes, on sait bien qu'il y a des endroits dangereux et qu'il y a des endroits qui ne le sont absolument pas. Pourquoi avoir dans chaque département des préfets, des sous-préfets, des responsables de l'équipement qui connaissent tous les accidents de la route, qui peuvent vous dire au mètre près où ils se situent, qui connaissent donc les endroits dangereux, pourquoi ce n'est pas dans ces endroits dangereux qu'on réduit la vitesse ?
Vous voulez dire par là que c'est Paris qui décide pour la province ?
Bien sûr que c'est du parisianisme, c'est de la centralisation excessive comme à chaque fois. On veut simplement donner une règle pour dire qu'on a bougé, mais pas finalement pour être efficace. Il faut mettre les préfets, les responsables de l'équipement autour de la table, les associations des victimes de la route, les élus locaux, qui sauront pointer les virages où il y a eu des accidents, et sauront dire que dans ces secteurs, ce n'est pas une limitation à 80km/h qu'il faut, mais 50km/h. Ces responsables pourraient dire qu'il faut placer un radar, ou qu'il faut que le conseil départemental fasse des aménagements. Si le gouvernement avait procédé ainsi, ce serait lutter efficacement contre la mortalité routière. C'est ce que nous préconisons.
Vous appartenez au groupe parlementaire UDI Agir, qu'on qualifiait d'opposition constructive, or depuis la CSG vous ne vous êtes jamais opposé au gouvernement. Et là vous vous mobilisez sur cette limitation de la vitesse à 80km/h. Est-ce une mesure réellement pénible pour les Français ? Cela mérite-t-il cette bataille ?
Nous sommes en soutien du gouvernement à chaque fois qu'il a raison. Cela n'empêche pas de dénoncer quand il a tort. Nous sommes comme les Français, nous sommes là pour dire quand les choses vont dans le bon sens. Et quand ça ne va pas, non seulement on peut dénoncer, mais j'exige à l'UDI que nous proposions. Et on propose une méthode qui est simple, moderne et efficace, car la limitation à 80km/h est une mesure de l'ancien monde, car on applique à tout le monde la même recette alors que toutes les situations sont différentes. Pensez-vous que ce soit depuis le 7e arrondissement de Paris qu'on doive décider à quelle vitesse on doit rouler dans telle ou telle portion de la nationale 94 dans les Hautes-Alpes, ou sur telle route départementale du Finistère ? Dans ce cas-là, il faut supprimer tous les représentants de l'Etat dans tous les territoires, parce que s'ils ne sont pas capables de faire le boulot, c'est que tous ces gens ne servent à rien. On n'est pas des démagogues, on est des gens responsables, sérieux, capables de dire que c'est sur le terrain que les décisions opportunes se prennent. On peut parfois réduire plus la vitesse quand c'est plus dangereux, mais ça sert à quoi d'emmerder les Français, quand il s'agit d'un endroit où il n'y a jamais d'accident.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.