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L'info de l'Histoire : les grandes batailles du Festival de Cannes

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Article rédigé par franceinfo, Fabrice d'Almeida
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Publié Mis à jour
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Les marches du Palais des Festivals, à Cannes (Alpes-Maritimes), mai 2019 (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

Alors que le Festival de Cannes vient de s’ouvrir, une première polémique a éclaté autour du film de Maïwenn, Jeanne du Barry, avec pour acteur principal Johnny Depp. Un collectif d’acteurs et d’actrices le considère comme un agresseur, auteur de violences conjugales. Depp s’en défend et trouve ridicule cette mobilisation autour d’une "fiction".

Une telle bataille d’opinion n’est pas nouvelle à Cannes. On peut même dire que le Festival est né du combat idéologique entre démocraties et dictatures. Sa création, prévue en 1939, était la volonté de Jean Zay, ministre de l’Éducation nationale, chargé de la Culture, choqué par le palmarès du Festival de Venise, La Mostra, qui avait fait l’année précédente la part belle aux films nazis allemands et fascistes italiens. Zay devinait la main de Mussolini derrière ce résultat. Il fallait créer en France un lieu de reconnaissance pour le cinéma des démocraties. La guerre qui survient empêche la tenue du Festival, programmé en septembre 1939.

Quand il revient après la Seconde Guerre mondiale, le Festival porte en lui ce rapport aux grands conflits du temps. Notamment la guerre froide, car il invite des cinéastes de tous les pays : beaucoup d’Américains, mais aussi des Soviétiques. Reste que la plus grande bataille de Cannes s’est déroulée en mai 1968. Un groupe de réalisateurs décide avec Truffaut et Godard de demander l’arrêt du Festival. Ils veulent montrer leur solidarité avec les étudiants et finissent par obtenir gain de cause, non sans quelques échanges de noms d’oiseaux, comme le montrent les débats enregistrés lors des assemblées.

L'état du monde s'invite sur les écrans de Cannes

En fait, chaque grand conflit se retrouve sur le grand écran à Cannes : la guerre du Vietnam en 1979, par exemple, avec une Palme d’or pour Apocalypse Now, ou pendant la guerre en ex-Yougoslavie, les polémiques autour d’Émir Kusturica lors de la présentation d’Underground, car le réalisateur serbe critique les Croates et les Bosniaques comme collaborateurs du nazisme.

En 2018, le Festival est traversé par les tensions autour de #meetoo et d’Harvey Weinstein, consacré à Cannes dès 1994 avec Pulp Fiction de Tarantino, film lui-même objet d’une lourde polémique sur sa mise en scène de la violence. Et l’an passé, la guerre en Ukraine était représentée au Festival.

Cannes est bien le miroir des grandes oppositions de notre monde. Mais il est plus que cela. Au Festival, le personnage principal reste le cinéma. Derrière lui, tant de seconds rôles font vivre cette industrie : producteurs, acheteurs de droits, avocats et financiers qui font de Cannes le plus grand marché mondial du cinéma. C’est un atout pour la France, on l’oublie souvent, dans la grande bataille économique mondiale.

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