L'info de l'histoire : le "Belem", du commerce transatlantique au transport de la flamme olympique

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Article rédigé par Fabrice d'Almeida
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le "Belem" au large de la Normandie en juillet 2003 (MARCEL MOCHET / AFP)

La flamme olympique a été chargée sur le Belem, un navire devenu véritable monument d’histoire. Lancé en 1896, il devait servir au commerce du cacao. Coque en acier, associée à du bois : un trois-mâts sorti des chantiers navals de Nantes, qui est aujourd’hui encore son port d’attache. Le Belem, fin comme un oiseau de 58 m de long, a commencé par naviguer entre les Antilles, le Brésil et la France. 33 campagnes transatlantiques jusqu’en 1914.

Mais dès son premier voyage, alors qu’il transporte des mules, un coup de vent et une forte houle écrasent les bêtes les unes sur les autres. Puis un incendie achève les survivantes ! Mais la coque tient. Après réparation, il repart. Six ans plus tard, en 1902, nouveau miracle. Le navire fait escale à Saint-Pierre en Martinique, le port alors le plus actif de l’île. Pas de chance, il est plein. Le navire doit mouiller plus loin, au large. Nous sommes le 8 mai 1902. La Montagne Pelée gronde puis explose. Saint-Pierre est rasée. Tout est détruit par la nuée ardente, y compris les bateaux qui se trouvaient dans le port, perdus avec leur équipage et les habitants qui avaient espéré y trouver refuge. Mais le Belem est indemne. Il était resté suffisamment loin de la côte. Il reçoit des cendres et des poussières de chabons, dont des restes sont encore conservés à bord.

Malgré ce miracle, ce bateau à voile semble voué à la remise. N’est-il pas dépassé par la marine à moteur ? Un homme d’affaires le rachète. Le duc de Westminster, l’homme le plus riche d’Angleterre, dit-on. Il en fait un yacht. Puis c’est un riche irlandais, sir Guinness, qui le reprend en 1921. Et le garde jusqu’en 1949, sous le nom de Fantôme II. En 1951, après la mort de Guinness, le vaisseau est racheté par le vicomte Italien Vittorio Cini. Il le rebaptise Giorgio Cini. Le navire sert d’école de navigation pour des enfants désargentés. Il devient ensuite navire école des carabiniers… Finalement délaissé, de nouveau, son gréement complexe est remarqué en 1979 par un médecin français, le Dr Luc-Oliver Gosse. C’est lui qui réussit tout un montage pour le faire revenir en France.

Monument historique depuis 1984

Remorqué d’abord vers Brest. Le Belem est restauré, bientôt classé monument historique, en 1984, afin que l’on puisse financer son sauvetage. Et il devient la passion des amateurs de voile. On parle même de la "fièvre Belem"… Parmi les amateurs, un jeune homme qui y fait son service militaire et y revient comme matelot avant de gravir les échelons. Il s’appelle Jean Alain Morzadec et finit par devenir capitaine du trois-mâts, dont il garde les commandes jusqu’en 2016. Le bateau est un lieu de formation à la voile, une qui a ses fidèles de tous les âges. Il fait l’événement quand il entre dans un port. Après Morzadec, ce sont les commandant Gibet, Thirion et Combot qui ont la charge de ce voilier géant.

Aymeric Gibet a expliqué que la flamme sera veillée par ses porteurs à bord. L’équipage du Belem a l’expérience des belles responsabilités. Ce nouveau défi apporte une autre lumière à son histoire, celle des valeurs de l’olympisme, pas si éloignées de celles des gens de mer, dont ce vaisseau est devenu au fil du temps le reflet. Nul doute que tous rempliront historiquement leur mission.

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