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L'info de l'histoire: l’antisémitisme islamiste et son passé

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Article rédigé par Fabrice d'Almeida
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le grand mufti de Jérusalem, Mohamed Amin Al Husseini, reçu par Adolf Hitler à Berlin le 30 novembre 1941 (HO)

Une chanson entonnée dans le métro parisien et diffusée sur les réseaux sociaux le 31 octobre a particulièrement heurté l'opinion cette semaine. Ses paroles disaient : "Nique les juifs et nique ta mère / Vive la Palestine / Ouais Ouais / Nique les juifs et les grands-mères / On est des nazis et fiers".

En fait, ce n’est pas la première fois que des minorités font le lien entre la cause palestinienne et la célébration du nazisme. Le cas le plus connu est celui du grand Mufti de Jérusalem, Mohamed Amin Al Husseini. Il n’avait pas hésité à en appeler au soutien d’Hitler contre les juifs, en pleine Seconde Guerre mondiale. Sa visite à la grande chancellerie du IIIe Reich avait même été filmée, le 28 novembre 1941. Al Husseini, chef politique et religieux, voulait faire de la lutte contre les juifs non seulement un combat religieux, mais surtout racial, raciste. Il a obtenu un peu d’aide des nazis, notamment des armes. Mais il était très minoritaire.

La plupart des musulmans qui s’engagèrent dans la Seconde Guerre mondiale le furent du côté des Alliés, comme les goumiers marocains de l’armée Delattre ou les spahis qui ont suivi le général Leclerc. Tous ont contribué à la lutte contre le nazisme.

Après 1945, antisémitisme et anti-sionisme

Il n’empêche qu'après la Seconde Guerre mondiale les jeunes États arabes, notamment la Syrie et l’Egypte, font appel à des anciens combattants nazis pour lutter contre Israël, tel Aloïs Bruner ou l’ancien directeur de camp de concentration Franz Stangl. Leurs dirigeants adoptent une partie de l’argumentaire antisémite. Mais ce discours n’est pas religieux, plutôt politique et territorial.

C’est l’extrême gauche, avec des figures comme Pierre Guillaume et les éditions de la vieille taupe ou Roger Garaudy, converti à l’islam, qui font entrer le négationnisme dans l’argumentaire des islamistes qu’ils rencontrent et qui s’inspirent de leur pensée, dans les années 1990, pour attaquer les juifs et les chrétiens à la fois comme colonialistes et comme capitalistes. Ces prédicateurs retrouvent ainsi une partie de l’argumentaire complotiste antisémite le plus ancien, sur les juifs qui sont supposés dominer le monde.

Cette vision islamiste, antisémite, et négationniste se retrouve bientôt reprise par les Iraniens. Le régime des mollahs veut affaiblir la légitimité d’Israël et de l’Occident en niant et en relativisant l’Holocauste. Le président Ahmadinejad a joué un rôle majeur dans cette stratégie. Il a organisé des colloques négationnistes et fêté les trente ans de la République avec un discours sur ce thème, en 2009. 

Les antisémites actuels sont dans le prolongement de cette logique. Ils font de la réhabilitation du nazisme un outil pour s’attaquer à l’humanisme occidental et pour justifier les violences contre les juifs. Ultra-minoritaires, ils jouent la provocation et cherchent à faire du bruit. Ces mots crus, cette volonté de choquer, cependant, dégradent la cause qu’ils prétendent soutenir : celle des droits du peuple palestinien.

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