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L'info de l'Histoire : hommage à Melinée et Missak Manouchian

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Article rédigé par franceinfo, Fabrice d'Almeida
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Cérémonie d'hommage à Missak Manouchian, à Marseille (Bouches-du-Rhône) le 11 mai 2016 (VALLAURI NICOLAS / MAXPPP)

Missak Manouchian et sa femme Melinée, qui a servi d’agent de liaison, sont deux grands résistants. Manouchian, c’est le chef d’un réseau issu du parti communiste : les Francs-tireurs et partisans Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI). Il dirigeait trois groupes de combattants. C’est la branche militaire du PCF qui a décidé d’effectuer des attentats contre l’occupant, plus d’une centaine en 1943. L’un de ses lieutenants, Raymond Rajman avec un groupe de trois hommes, parvient le 28 septembre 1943 à abattre le responsable du travail forcé en France, le général Julius Ritter. Les Allemands commencent à avoir peur.

Pour la police de Vichy, il devient urgent de démanteler ce groupe. Les brigades spéciales de la préfecture de police chargées de la lutte contre le communisme réalisent des filatures. En juillet, elles arrêtent quelques membres du réseau et grâce à des interrogatoires brutaux, elles commencent à avoir une idée du nombre de résistants. Au mois de septembre, Manouchian est identifié et repéré. Mais on le suit pour repérer tous ses subordonnés. Le 16 novembre 1943, il est arrêté alors qu’il a rendez-vous avec Joseph Epstein, un autre responsable de FTP-MOI, connu sous le nom de colonel Gilles.

En tout plus de soixante membres des FTP sont piégés au fil des mois. Bientôt les Français transmettent Manouchian et plusieurs de ses hommes aux Allemands. Les autorités allemandes reçoivent Manouchian avec 23 autres membres des FTP. Ils sont jugés par un tribunal militaire dans un simulacre de procès et tous, y compris une femme, Olga Bancic, sont condamnés à mort.

"Je meurs en soldat régulier de l'Armée française"

Les Allemands font un film de propagande dénonçant ces "terroristes". Ils impriment aussi une affiche devenu célèbre, l’Affiche rouge, avec les portraits de dix des membres du groupes, pour donner l’impression que ce sont des étrangers, membres d’une armée de criminel qui commettent des attentats, pas des militaires, contrairement à ce que pensait Manouchian qui écrivait dans sa dernière lettre à sa femme Mélinée : "Je meurs en soldat régulier de l’Armée française de la Libération."

Le 21 février 1944, après s’être confessé et avoir communié, avec des camarades athées, Manouchian est fusillé dans la clairière du fort de Suresnes, au Mont-Valérien. Il faut imaginer la scène : 40 fusils tournés contre cinq hommes. Les tirs, puis le coup de grâce donné par l’officier commandant le peloton. Son corps est enterré au cimetière d’Ivry avec d’autres résistants. C’est là que, dès la fin de la guerre et la France libérée, et ses compagnons du PCF viennent lui rendre hommage.

>>> Les résistants Mélinée et Missak Manouchian vont entrer au Panthéon

Missak et Mélinée incarnent une facette oubliée des combattants de la Seconde Guerre mondiale. Ce sont des étrangers d’origine, ni gaullistes ni socialistes, mais communistes. Cet homme qui avait choisi de défendre son pays d’adoption, la France, signe sa dernière lettre à sa femme Mélinée de son nom francisé Michel, pas Missak, son prénom arménien. Il laisse des poèmes qu’aujourd’hui encore nous pouvons lire, lui qui travaillait au côté du monde ouvrier.

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