"Horrible !" : une statue de beurre de l’empereur François-Joseph moquée par un journaliste lors de l’exposition internationale d’art culinaire
L’info de l’histoire, dans cette période de fête, s’arrête sur ce que les grands hommes ont apporté à nos habitudes festives. Nous partons pour Vienne, au début de l’année 1898, voir une statue de beurre de l’empereur François-Joseph.
Traditionnellement dans l’empire d’Autriche, après les fêtes, vient la saison des bals de janvier avant que la bonne société reparte sur ses terres pour un austère mois de février. L’empereur François-Joseph est alors âgé de 68 ans. Son épouse Elisabeth Wittelsbach, que l’on avait surnommée Sissi, ne voulait plus vivre à la cour depuis la mort mystérieuse de leur fils Rodolphe, dix ans plus tôt. Elle voyageait en France, tandis que le vieux souverain devait présider à toutes les festivités de son immense empire d’Autriche-Hongrie.
En janvier s’ouvrait, pour la deuxième fois, dans la halle de la reine Sophie, l’exposition internationale d’art culinaire, l’occasion de faire valoir tous les produits venus de son pays et d’ailleurs pour favoriser les exportations. François-Joseph en effectue l’inauguration en présence de tout le corps diplomatique. Et il voit notamment les œuvres effectuées par les nombreux restaurateurs viennois, en particulier une gigantesque statue de beurre le représentant.
Un buste en beurre frais figurant l'Empereur en couronnement
Voici comment le correspondant du Figaro décrivait ce clou de l’exposition et l’impression qui se dégageait de l’ensemble. "Que dire d’un buste en beurre frais représentant l’Empereur en costume de couronnement ? Horrible ! Par compensation, de jolies vendeuses habillées à la mode de 1848, petites robes décolletées d’organdi blanc, bonichons à choux de couleur, coiffure à la Marie-Amélie, vous offraient, en de petits étals, les produits culinaires les plus variés. Il serait peut-être intéressant de dresser une statistique des consommateurs qui ont eu à se plaindre des caviars d’une douteuse fraicheur et des foies gras insidieux."
Cruel, le reporter du Figaro éreintait encore les galantines, les pâtés et même les esturgeons géants de la mer caspienne. Leur odeur était nauséabonde. Le journaliste se moquait des exposants obligés de retirer l’un après l’autre leurs œuvres. L’hiver dehors était froid. Mais la chaleur de la Halle Sophie faisait tourner les mets. Comme ses lecteurs, il refusait d’admettre qu’il puisse y avoir hors de la France une œuvre gastronomique. En quittant l’exposition, les diplomates et l’Empereur gardaient, eux, leur fière allure. L’année 1898 commençait et nul ne se doutait qu’elle allait encore endeuiller la famille impériale. Ce serait la mort de Sissi, l’impératrice.
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